Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cupé de savoir si Satan se manifeste vraiment aux occultistes par de véritables apparitions.

Cela dit, revenons à Calcutta.

Ainsi que Walder l’avait prévu, — sans me l’avouer, il est vrai, mais j’avais bien compris son jeu. — Hobbs ne manqua pas de venir me relancer pour m’engager à me faire affilier au Palladium. Je lui répondis aussitôt, amicalement, que je n’avais pas attendu son conseil, et je lui montrai ma patente. Il me félicita, avec de grandes phrases ; seulement, au fond, cela se voyait, il était quelque peu dépité d’avoir été devancé par Walder, à cause des « métaux ».

J’avais, en outre, déclaré au lieutenant d’Albert Pike que, afin d’être sûr de ne pas laisser passer par oubli le délai fixé pour l’inscription comme membre actif ou correspondant à un Grand Triangle, et vu que je n’avais pas de préférence, je le priais de m’inscrire au Lotus de Charleston, qui était l’atelier palladique auquel il appartenait lui-même. Il se chargea donc de régulariser ma situation, par le plus prochain courrier, et reçut ma cotisation, dont je lui réglai le montant pour une année d’avance ; ceci me permit de faire, chez le frère costumier, fournisseur attitré du Directoire de Calcutta, emplette des insignes de mon nouveau grade.

Pendant le reste de mon séjour dans la capitale de l’Inde anglaise, j’assistai encore à bon nombre de réunions théurgistes ou de maçonnerie ordinaire ; mais il n’y a pas lieu d’en rendre compte ici, car elles m’offrirent qu’un intérêt relatif. Le plus important pour moi fut de fréquenter quotidiennement la bibliothèque du Directoire, que le frère archiviste mit à ma disposition ; j’avais besoin de copier les formules des rituels palladiques, lesquels à cette époque n’avaient pas encore été imprimés à Charleston par ordre d’Albert Pike, et, sauf les rituels de Mage Élu, on me communiqua tous les manuscrits que je pus désirer ; cela sans éveiller aucun soupçon, puisque c’était pour moi non seulement un droit, mais aussi une nécessité ; et je profitai de l’occasion, comme on pense, pour fouiller cet arsenal de documents et retranscrire, en vue de mon enquête, tout ce que je pus.

Maintenant, je pouvais pénétrer à peu près partout. J’étais un maçon luciférien complet.