Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/184

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La femme anglaise, sans en excepter la jeune fille, — je parle en général, bien entendu, — résume à Singapore le vice et l’impiété. Tandis que, partout, la femme et la jeune fille sont, chaque fois que l’influence religieuse se fait sentir, l’expression la plus pure, la plus naïve de la création et de l’idée divinement touchante que synthétise la Mère immaculée du Christ, la Vierge Marie, par contre, en Angleterre, et plus particulièrement encore dans les colonies anglaises, sous l’influence pernicieuse de l’hérésie protestante engendrée par des révoltes vraiment d’inspiration diabolique, la femme et la jeune fille sont, en quelque sorte, l’opprobre de l’humanité.

L’exemple, d’ailleurs, part de très haut, on le sait. Le monde entier connaît ce que John Bull n’avoue pas, à savoir l’histoire intime de celle que les Indiens appellent « la vieille dame de Londres », tombée dès son jeune âge dans le vice et l’ivrognerie, Sa Majesté Wisky 1re ! Elle est le type sur lequel se modèle la femme, dans toute l’étendue de l’empire anglais.

Donc, au-dessus de toutes ces monstruosités dont Singapore est la sentine, monstruosités de mélanges de races, de sectes, d’idolâtries, se dresse, plus monstrueuse encore, la jeune fille anglaise, comme un réceptacle quintessenciel d’infamies et de turpitudes. Charmes, jeunesse, intelligence, elle met tout au service de Satan, dont elle est la zélatrice, la lieutenante. Elle est vraiment la maudite de Dieu, la bien-aimée du prince des ténèbres ; femme seulement de nom, elle est absolument infernale et diablesse en réalité.

Les deux grands vices principaux de la nation britannique, chez la femme encore plus que chez l’homme, sont, l’un physique, l’ivrognerie, et l’autre moral, la duplicité, le mensonge ; c’est chose universellement connue. Eh bien, à cet égard, les Anglaises de Singapore sont stupéfiantes. On cite, dans cette ville, des jeunes filles, appartenant aux plus hautes familles, que l’on voit rester des mois entiers sans désaoûler (qu’on me pardonne le mot), sans même que les parents, dans le même état d’ailleurs, y prennent garde, et, ivres ainsi, le regard vague et hébété, aller, venir, se promener, voyager, avec cette liberté invraisemblable, cette licence inouïe, que l’éducation protestante laisse à la jeune fille.

On comprend ce qui se passe dans de telles conditions, l’adolescente appartenant à un monde dépravé, à un milieu où l’immoralité la plus ignoble règne à huis-clos, dépassant tout ce que l’imagination peut supposer ; ou frémit en songeant aux situations dans lesquelles ces jeunes filles se trouvent maintes fois, par la collaboration de l’ivresse et de l’impiété, situations qu’aucun qualificatif ne peut exprimer ; et l’on reste confondu, on s’incline devant la patience divine qui tolère de pareils