Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/198

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du grade de Maîtresse Templiére ; cet insigne mérite une description spéciale.

Ce cordon se porte en écharpe, de l’épaule droite à la hanche gauche. Il est à fond noir, bordé tout le long, de chaque côté, d’une large dentelure formée par des triangles alternativement blancs et noirs. Au centre du cordon, il y a la représentation d’Isis et d’Osiris ; la déesse est figurée par une femme dévêtue, aux cheveux flottant épars, faisant de chaque main le signe de l’ésotérisme, main droite en l’air, main gauche abaissée, ses pieds pesant sur un croissant de lune ; quant à Osiris, il est figuré par un soleil rayonnant, juxtaposé sur Isis, dont il recouvre tout le milieu du corps ; au-dessous du croissant, on distingue un serpent monstrueux ou dragon, Typhon, qui se tortille dans l’espace. Au-dessus d’Isis, Osiris et Typhon, il y a les colonnes J et B s’élevant du sein d’un nuage, et, entre elles, la lettre M, dominée par l’étoile flamboyante, à cinq pointes. Au-dessous du groupe central, en voit un calice, surmonté d’une hostie transpercée par un poignard. À ce cordon, la grande-maîtresse porte suspendu un petit trident, dit trident de Paracelse.

Il ne faudrait pas croire que ces broderies de cordons maçonniques sont de la pure fantaisie. Je sais que, dans le public, on rit fort de ces ornementations bizarres, et moi-même, avant de connaître, j’ai été le premier à en rire. Mais tout cela est très étudié, tous ces emblèmes ont une raison d’être, un sens des plus sérieux. Ces insignes résument l’enseignement et la pratique de chaque grade. Or, ici, au grade palladique de Maîtresse Templière, enseignement et pratique ne sont qu’un tissu d’horreurs, d’infamies.

En racontant l’initiation de miss Arabella D***, je serai obligé de passer sous silence certaines particularités de la cérémonie ; car j’écris un livre qui doit pouvoir être lu par tout le monde. Ce que je supprimerai, les personnes d’âge mûr, qui me lisent, en trouveront le symbole dans le groupe central du cordon de ce grade palladique. J’ai dit, et je n’insiste pas.

Le calice, l’hostie et le poignard rappellent les sacrilèges exécrables qui se commettent.

Ceci me fait penser que, dans la description de l’estrade, j’ai oublié de mentionner un petit autel pentagonal, placé au pied de l’emplacement présidentiel, à peu de distance de la balustrade qui est la limite de l’orient. Cet autel supporte un calice, un vrai calice consacré. En Europe et en Amérique, c’est un calice acheté à quelque prêtre apostat ; à Singapore, c’est un calice volé à un missionnaire martyr et revendu aux francs-maçons par les Chinois, les bourreaux.

À l’orient, siégeaient encore deux frères et deux sœurs, par couple.