Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/207

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de la terre, mais même, sous le nom d’indulgences, vendant leur ciel, qu’ils appellent le paradis. Aussi, est-ce bien aux prêtres catholiques que s’appliquent exactement les paroles de Jésus irrité : « De la maison de prière, vous avez fait une caverne de voleurs. »

Cette interprétation, odieusement déloyale, de la franc-maçonnerie, montre bien l’origine, la source des honteuses calomnies d’une partie de la presse moderne contre le clergé, accusé de vénalité, alors que nos desservants ont à peine de quoi vivre, reçoivent, en dédommagement de la confiscation des biens de l’Église, un traitement infime, égal tout au plus à celui du dernier facteur rural, alors que les dons volontaires des fidèles ne sont déposés dans la main d’un prêtre que pour soulager la misère des pauvres. Et c’est la franc-maçonnerie qui ose parler de trafic, elle qui vend ses grades, ses diplômes à des prix exorbitants, elle qui fait payer mille francs chacune de ses initiations aux divers degrés du Palladium, elle qui a un tarif, variant de cent à trois mille francs, pour chacun des trente-trois grades du rite écossais !

Le chevalier d’éloquence continuait en ces termes :

« Il est encore un épisode de la vie de Jésus que nous célébrons dans nos mystères ; c’est celui de la résurrection de Lazare. Le catholicisme y voit un fait surnaturel, un cadavre déjà décomposé rappelé réellement à la vie. La maçonnerie, faisant, au contraire, la part de la tendance des écrivains orientaux à dramatiser les enseignements sous la forme de récits d’événements accomplis, la maçonnerie voit, dans la résurrection de Lazare, un symbole, et son explication naturelle et raisonnable est donnée au dernier grade féminin du rite palladique. »

En réalité, la maçonnerie travestit ignoblement ce miracle du Christ, sous prétexte de symbolisme, et ce travestissement est à deux fins. On dit d’abord à la récipiendaire, au grade d’Élue, que Lazare est l’emblème du prolétaire qui se lèvera un jour à l’appel de la franc-maçonnerie. Un autre symbolisme, mis en action, sert d’épreuve, lors de l’initiation au grade de Maîtresse Templière.

« Jésus, poursuit le chevalier d’éloquence, fut un guérisseur incomparable, ce qui est dans l’ordre naturel des choses ; mais il ne ressuscita vraiment personne, ce qui est d’une impossibilité absolue[1]. Jésus, pour une grande part de sa vie, peut être cité comme un modèle. Il excite, dans le peuple juif, un tel enthousiasme, qu’on répandit le bruit de sa divinité. Mais il s’empressa de démentir cette fausseté, et, d’après les Évangiles même, il en agit ainsi en deux occasions parmi beaucoup d’au-

  1. Ici, la maçonnerie luciférienne se contredit ; Albert Pike oublie les fakirs qui se momifient, que l’on enterre et qui ressuscitent. Il est vrai que l’anti-pape de Charleston peut répondre que, dans le cas des fakirs en question, il y a, non pas mort, mais suspension de la vie.