Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/276

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La séance commença donc, à laquelle assistait le tao-taï de Shang-Haï, dans son grand costume impérial, bouton de cristal opaque et queue de paon.

Je fais grâce au lecteur des cérémonies rituelles de l’ouverture des travaux ; ce sont des banalités qui se ressemblent partout, dans tous les rites.

D’autre part, on n’était pas réuni pour une initiation, mais pour s’exciter les uns les autres contre les missionnaires catholiques. Et, ici, on me permettra de faire une remarque. À cette époque, dans tous les pays du monde, les persécutions religieuses avaient pris, depuis quelque temps, un caractère des plus aigus. L’Allemagne était en plein culturkampf ; quant à l’Italie et la France, les gouvernements de ces deux pays, empoisonnés de francs-maçons et de satanistes, travaillaient avec ardeur à ruiner progressivement les institutions de l’Église. Il y avait, de toutes parts, on ne savait pourquoi, une recrudescence de haine contre la papauté, contre le clergé catholique, contre les congrégations.

J’aurai à montrer plus tard, comment, dans certaines circonstances que le diable croit plus favorables que d’autres, ce dernier, qui est en rapports directs avec son vicaire du Directoire de Charleston, lui donne des ordres, lesquels sont aussitôt transmis à la haute maçonnerie universelle, c’est-à-dire aux chefs lucifériens des divers rites ; et ce mot d’ordre, ainsi communiqué par les messagers secrets de la secte internationale, a pour but de multiplier les vexations contre les catholiques et de les empêcher, par tous les moyens possibles, de se livrer aux manifestations de leur foi et à la pratique de leur religion.

Ce genre de persécution, qui reste plus ou moins longtemps assoupie, se réveille par intervalles, avec plus ou moins de vigueur, ainsi que chacun peut le constater. Eh bien, ces réveils ne sont pas aussi spontanés qu’ils le paraissent extérieurement ; ils ne sont pas dûs non plus à l’initiative des hommes ; mais ils sont soufflés par le Maudit, inspirés, ordonnés par lui, quand il croit le moment venu de monter à l’assaut de Dieu et de la Sainte Église, notre mère.

Précisément, alors, le monde impie commençait à s’agiter ; les émissaires de Charleston parcouraient les grands centres lucifériens, porteurs des ordres verbaux ; et de tous côtés, dans toutes les arrière-loges des rites occultistes, on se réunissait pour s’entendre, prendre des mesures et passer de la parole aux actes contre ceux que l’on appelait les prêtres d’Adonaï et de Jésus.

Le grand-sage du Milieu (titre du président d’une réunion de la San-ho-hoeï) nous fit, en effet, en excellent anglais, un discours, où, bien entendu, il ne raconta pas ce que je viens de dire, mais où se développait