Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/328

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avec l’allure de nos rapides. Il n’en est pas moins vrai que, jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans, Albert Pike effectuait sans la moindre fatigue, d’une manière réglée, des voyages de sept à huit heures pour l’aller et autant pour le retour, et cela, je le répète, constamment, une fois, deux fois par mois, avec la même aisance qu’un abonné de notre compagnie de l’Ouest, habitant Saint-Germain ou Versailles et venant quotidiennement à Paris pour ses affaires.

Il ne descendait pas à l’hôtel, mais chez le lieutenant grand-commandeur de son Suprême Conseil de Charleston, au domicile duquel il avait deux chambres, avant l’installation confortable et intérieurement somptueuse du grand local maçonnique actuel ; depuis 1884 jusqu’à sa mort, il eut là un appartement réservé, dont les fenêtres donnaient sur la rue Wentworth.

Lors de ma première venue en la Rome luciférienne, le docteur Mackey me joignit au groupe de frères qu’il invita à dîner chez lui, ce soir-là, avant d’aller tous au temple du Suprême Directoire Dogmatique. À table, mon amphitryon me plaça à côté de Sophie Walder, à qui j’eus ainsi l’occasion de parler beaucoup de son père, et dès lors la connaissance fut liée entre nous deux.

Récemment, Mlle  Walder s’est livrée à une sortie intempestive tout à fait en dehors de ses habitudes, pour m’injurier publiquement ; ce qui prouve que la seule nouvelle de mes révélations sur le spiritisme luciférien a jeté dans un vif émoi le monde des occultistes. Mlle  Walder m’a accusé de trahir le secret professionnel, en abusant de confidences surprises par le médecin à sa malade, dit-elle, sous prétexte que j’ai eu l’occasion de la soigner, et elle veut bien reconnaître que je l’ai guérie. À cela je n’ai qu’un mot à répondre : dans cette publication, il ne s’agit nullement de secrets d’une malade, en tant que femme et que malade ; je dirai donc tout ce que j’ai à dire, sans me laisser intimider par les menaces, d’où qu’elles puissent venir[1]

  1. La lettre à laquelle je fais allusion est du 21 février 1893. C’est un méli-mélo d’impertinences que Sophie Walder a eu l’audace d’adresser à M. l’abbé Mustel, l’éminent et vaillant directeur de la Revue Catholique du diocèse de Coutances, lettre que le digne prêtre avait fort bien le droit de jeter dédaigneusement au panier, mais qu’il a cru devoir publier quand même, parce qu’en somme la forcenée luciférienne, excitée par ses sœurs de Cherbourg, celles-ci furieuses de se croire découvertes et criant avant d’avoir été battues, s’est laissée aller dans son accès de rage à lâcher quelques mots maladroits, qui se retournent aujourd’hui contre elle.
    Dans cette longue épître, qui est un vrai manifeste et qui, coïncidence bizarre à noter, a été décochée par cette main plus diabolique qu’humaine en même temps que le grand-maître italien Adriano Lemmi présidait à Rome un banquet de trois cents francs-maçons (19 février), banquet auquel une place d’honneur était réservée au frère Carducci, l’auteur de l’Hymne à Satan, et où il prononçait un discours des plus violents contre la papauté et en particulier contre Notre Saint Père Léon XIII, — dans cette épître de près de deux cents lignes, Sophie Walder injurie un peu tout le monde, sous prétexte de défendre ses sœurs de Cherbourg dont