Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puissante confédération. L’année précédente, l’Orégon s’était détaché du Mexique et avait été l’occasion d’un conflit entre la grande république Américaine et l’Angleterre. L’annexion du Texas mit le feu aux poudres, et une guerre terrible éclata. Le Mexique rappela Santa-Anna qui vivait réfugié à la Havane et le nomma généralissime de ses armées pour soutenir la lutte contre les États-Unis. Mais ce fut en vain ; malgré des prodiges de valeur, Santa-Anna fut vaincu à plusieurs reprises. L’Angleterre et les États-Unis se partagèrent l’Orégon (1846). D’autre part, les Mexicains furent écrasés à la sanglante bataille de Saltillo ; le général américain Scott leur prit la Vera-Cruz ; Albert Pike, qui se distingua dans la grande journée de Buena-Vista (23 février 1847), où il commandait la cavalerie de l’Arkansas, reçut la reddition de Mapimi ; Santa-Anna fut défait à Jalapa ; Puebla et Mexico tombèrent aux mains de l’armée des États-Unis. Finalement, Santa-Anna que ses concitoyens avaient investi de la dictature et qui avait transféré le siège du gouvernement à Queretaro, dut céder et signer une paix désastreuse pour sa patrie (2 février 1848). Le Texas était définitivement reconnu comme appartenant aux États-Unis ; en outre, la province mexicaine dont la ville principale était Santa-Fé, laquelle province devint l’état territorial du Nouveau-Mexique, et d’autre part, la Californie, dont San-Francisco était le chef-lieu, entraient également dans la confédération. Cette guerre, ou Albert Pike avait brillé, il est juste de le reconnaître, valait donc aux États-Unis trois immenses provinces. Une annexion pareille était tellement exorbitante, que les Américains, quoique vainqueurs, payèrent aux Mexicains une indemnité de dix millions de dollars. Mais les Yankees savaient ce qu’ils faisaient en s’attribuant, même à ce prix, la Californie ; leurs explorateurs, tels que Pike et autres, les avaient renseignés depuis longtemps sur la valeur du pays. Peu après l’annexion, se révélaient les découvertes des fameuses mines d’or le long du Sacramento et du San-Joaquin.

On conçoit sans peine que, depuis cette guerre où il prit une part glorieuse, Albert Pike ne fit que grandir en considération parmi ses compatriotes.

Je m’étonnerai aucun de mes lecteurs en disant que le personnage qui nous occupe en ce moment était entré de bonne heure dans la franc-maçonnerie ; c’est à Little-Rock qu’il s’y affilia, dès son arrivée dans cette ville, c’est-à-dire à vingt-quatre ans. La Grande Loge de l’Arkansas a été fondée en 1821 et compte aujourd’hui 432 loges sous son obédience. C’est un pasteur protestant, le révérend Léonidas Polk parent de James Polk et l’un des chefs du parti esclavagiste, qui donna à Albert Pike l’initiation ; le pasteur protestant et le précoce luciférien s’étaient compris.