8. archange, déplumé, dégringole dans le vide. La foudre s’est glacée dans la main de Jéhovah.
9. Pâtes météores, planètes éteintes, les anges tombent comme pluie, du haut des firmaments.
10. Dans la matière qui jamais ne se repose, roi des phénomènes, roi des formes,
11. Satan seul vit. C’est lui qui règne dans la lueur tremblante d’un œil noir,
12. Soit que, languissant, il se dérobe et résiste, soit que, vif et humide, il provoque et presse.
13. C’est lui qui brille dans le joyeux sang des grappes, par qui la prompte gaité ne languit pas,
14. Qui restaure la vie fugitive, qui repousse la douleur, qui met l’amour au cœur.
15. C’est toi, ô Satan, qui respires dans mon vers, quand il s’échappe de mon sein, défiant le dieu
16. des pontifes coupables, des rois sanglants ; et, comme d’un coup de foudre, tu ébranles les âmes.
17. Grâce à toi, vécurent Agramant, Adonis, Astarté, animant le marbre des sculpteurs, la toile des peintres et le papier des poètes.
18. Au temps où les brises sereines de l’Ionie burent la Vénus Anadiomène,
19. Vers toi frémirent les arbres du Liban, lorsque ressuscita l’amant de la douce Cypris :
20. Vers toi s’élancèrent les danses et les chœurs, vers toi les candides et virginales amours,
21. À travers les palmiers odoriférants de l’Idumée, où blanchissant les écumes cypriennes.
Spennato arcangelo
Cade nel vano.
Ghiacciato è il fulmine
A Geova in mano.
Meteore pallide,
Pianeti spenti,
Piovono gli angeli
Da i firmamenti.
Ne la materia
Che mai non dorme,
Re de i fenomeni,
Re de le forme,
Sol vive Satana.
Ei tien l’impero
Nel lampo tremulo
D’un occhio nero,
O ver che languido
Sfugga e resista,
Od acre ed umido
Pròvochi, insista.
Brilla de’ grappoli
Nel lieto sangue,
Per cui la rapida
Gioia non langue,
Che la fuggevole
Vita ristora,
Che il dolor proroga
Che amor ne incora.
Tu spiri, o Satana,
Nel verso mio,
Se dal sen rompemi
Sfidando il dio
De’ rei pontefici,
De’ re crüenti :
E come fulmine
Scuoti le menti.
A te, Agramainio,
Adone, Astarte,
E marmi vissero
E tele e carte,
Quando le ioniche
Aure serene
Beò la Venere
Anadiomene.
A te del Libano
Fremean le piante,
De l’alma Cipride
Risorto amante :
A te ferveano
Le danze e i cori,
A te i virginei
Candidi amori,
Tra le odorifere
Palme d’Idume,
Dove biancheggiano
Le ciprie spume.