Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/41

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subordonnés des sociétés lucifériennes, leur délivrent ad libitum les diplômes nécessaires pour pouvoir être reçus partout, avec communication des mots de passe, mots sacrés, mots de semestre ou mots annuels de tous les rites maçonniques du globe.

L’occultisme luciférien, qui n’est donc pas une nouveauté, a porté un autre nom dans les premiers temps du christianisme ; il s’appelait la Gnose, et son fondateur, c’est Simon le Mage.

Jésus-Christ venait d’apporter au monde la lumière, la vérité. En face de son Église, qui régénérait le judaïsme, Satan a aussitôt dressé le temple de la contre-religion. Les gnostiques n’étaient pas des hérétiques ordinaires ; ils constituaient l’anti-christianisme. Pour tromper la multitude, on prétextait telles et telles dissidences avec la doctrine des apôtres ; mais, en outre, parmi les pratiquants de l’hérésie, les chefs opéraient une sélection, et ces initiés aux derniers degrés recevaient, dans des conciliabules tenus cachés, la révélation satanique. La Gnose est donc marquée tout particulièrement du sceau de Lucifer. Elle est contemporaine de saint Pierre, le premier pape, et s’est continuée sans interruption jusqu’à nos jours, se bornant à changer de masque, selon les difficultés des époques et des gouvernements ; la franc-maçonnerie, elle, en dépit de sa pompeuse et ridicule légende d’Hiram, remonte uniquement au 24 juin 1717, et ses sept fondateurs, Désaguliers, Anderson, Payne, King, Calvert, Lumden-Madden et Elliot, étaient sept gnostiques, Mages de la Rose-Croix anglaise.

La Gnose est si bien la mère de la franc-maçonnerie, qu’elle a imposé sa glorification aux frères-maçons des arrière-loges ; elle a mis sa marque au centre même du symbole principal de l’association. En effet, — et aucun franc-maçon ne pourra me contredire, car j’ai visité des loges, des chapitres et des aréopages de tous les rites, — en effet, l’emblème le plus en vue que l’on remarque en entrant dans un temple maçonnique, celui qui, dans les sceaux, sur les rituels, partout enfin, figure au milieu de l’équerre et du compas entrelacés, c’est une étoile à cinq pointes, au centre de laquelle brille la lettre G. Ce signe symbolique s’appelle l’étoile flamboyante. Or, on donne aux initiés diverses explications de cette lettre G. Dans les grades inférieurs, on enseigne qu’elle signifie Géométrie. Aux frères qui paraissent capables de garder le secret, réservé à quelques élus, de la fréquentation des loges androgynes, on révèle que la lettre mystique veut dire Génération. Enfin, aux forcenés jugés dignes de pénétrer jusqu’au sanctuaire des chevaliers Kadosch, on apprend que ce G énigmatique est l’initiale de la doctrine des parfaits initiés, Gnose. Il ne s’agit plus alors d’une communication de pure fantaisie : c’est bien Gnose qui est le sens vrai du G de l’étoile flamboyante ; car, à partir du