Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles sont, disent-ils, les initiales de la formule qui contient un des grands secrets de la vie éternelle donnée par le grand architecte et l’univers : « Igne Natura Renovatur Integra: la nature tout entière se régénère (se renouvelle) par le feu. » On voit encore ici l’alpha et l’oméga, c’est-à-dire : le Dieu-Bon est le commencement et la fin de toutes choses. On remarque un poignard d’un côté, un calice de l’autre ; ceci est pour rappeler aux adeptes que la profanation de l’Eucharistie est une loi : le poignard, qui sert à transpercer l’hostie ; le calice, qui, volé à un missionnaire ou acheté à un apostat, doit être un calice consacré ayant appartenu à un prêtre catholique, et qui sert aux plus ignobles sacrilèges. En opposition l’un à l’autre, on voit deux mots, bizarrement disposés et composés des quatre mêmes lettres : Amor et Roma, les lettres étant retournées à volonté ; ces mots symbolisent les deux religions en lutte l’une contre l’autre. Amor, c’est la religion luciférienne, la religion de l’amour ; Roma (inverse d’Amor), c’est la religion adonaïte, la religion de la haine, personnifiée dans Rome, la Rome papale. Enfin, aux quatre côtés de cette face carrée de l’urne, on lit le rappel des noms des quatre côtés d’un temple maçonnique, soit en tenue d’atelier masculin, soit en tenue d’atelier androgyne ; c’est-à-dire, chez les frères maçons : Orient (fond de la salle), Occident (côté de l’entrée), Midi (côté droit en entrant), Nord (côté gauche) ; et chez les sœurs maçonnes : climat d’Asie, climat d’Europe, climat d’Afrique et climat d’Amérique, correspondant aux noms des points cardinaux en suivant l’ordre indiqué ci-dessus.

Le côté de l’urne, faisant face à l’estrade ou orient du temple, est peu compliqué comme peinture. À droite et à gauche sont les deux colonnes emblématiques de la franc-maçonnerie, trop connues déjà pour qu’il soit utile que j’explique leur symbolisme ici ; d’autres auteurs ont fourni cette explication vraiment scabreuse ; un divulgateur a même donné le sens des trois grenades entr’ouvertes, qui sont au sommet de chaque colonne. Ma plume, je l’avoue, ne saurait aller jusque-là. Pour démasquer le satanisme et lui arracher ses voiles, je suis toujours prêt ; mais l’obscénité m’arrête : c’est là une latrine à laquelle je préfère laisser son couvercle. Entre les deux colonnes, on voit un personnage, la main droite en l’air, index tendu, et la main gauche tenant une épée, dirigée contre un serpent foulé aux pieds. Ce personnage, c’est Belzébuth, dit Baal-Zéboub, et le serpent, c’est… je vous le donne en mille à deviner… c’est saint Michel ! Ce groupe représente le futur règne, qui sera établi par l’Ante-Christ, et qui sera, disent les lucifériens, le triomphe définitif du Dieu-Bon. Alors, tandis que l’Ante-Christ détruira la religion adonaïte sur terre, Baal-Zéboub, généralissime des légions de la lumière et du feu, remportera la grande, décisive et éternelle victoire sur les légions des