Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aux quatre angles du carré qui contient le labyrinthe, il y a tout autant de sanctuaires, servant à des initiations.

Le premier, à droite, est la Chambre infernale des Rose-Croix, déjà décrite par les principaux auteurs qui ont fait des révélations sur la franc-maçonnerie. À Charleston, on y pénètre par le grand parvis ; mais il ne faut pas oublier que les récipiendaires passent par là sans savoir où ils sont, car ils ont la tête recouverte d’un sac dont ils ne sont débarrassés qu’une fois dans la chambre ; cette chambre représente le royaume du feu et permet aux intelligents de comprendre le grand secret. Ici, je dois rappeler que tous les candidats Rose-Croix ne passent pas par la Chambre Infernale ; une sélection est opérée ; les imbéciles, dont on a besoin, mais à qui il ne faut rien dire, gardent tout le temps leur sac sur la tête et sont promenés n’importe où.

La deuxième pièce d’angle du labyrinthe est le Sanctuaire de la Sagesse, également décrit par plusieurs auteurs anti-maçonniques, ceux qui ont eu entre les mains le rituel de Laffon-Landébat, le seul explicite. C’est là que le postulant au 30e degré écossais offre l’encens à Lucifer encore voilé par des emblèmes. On accède à cette pièce par la galerie Saint-Jacques.

La galerie Sainte-Hypathie donne accès aux deux autres pièces d’angle. L’une est le Sanctuaire de la Vérité, qui sert à diverses initiations du Rite d’Adoption, c’est plutôt un boudoir qu’une chapelle, et rien n’y trahit le luciférianisme pur. L’autre est le Sanctuaire Palladique d’Eva, où se trouve un autel dont l’idole représente la mère de l’humanité. C’est là qu’est conduite la Maîtresse Templière sur laquelle les chefs ont fondé quelque grand espoir, celle qui est destinée à jouer un rôle actif ; ce complément d’initiation a lieu trois mois après l’initiation ordinaire, si la sœur habite Charleston, ou lorsqu’elle y vient, si elle est étrangère à la ville. On la laisse en tête-à-tête avec l’idole, après lui avoir recommandé d’adresser à Eva une prière fervente, au gré de son inspiration. Alors, si la Maîtresse Templière est vraiment élue dans le sens secret du mot, c’est-à-dire si elle est médium luciférien, une manifestation diabolique se produit : la statue s’anime, la matière de l’idole disparaît et fait place à un démon, ou plutôt à une démone, Astarté, qui se révèle à l’initiée, lui parle et l’embrasse, comme Baal-Zéboub embrasse le Mage Élu admis au sacerdoce luciférien.

Chacun de ces sanctuaires possède un « sacrarium », sorte de réduit où sont classés, dans des placards, les objets servant au culte.

Enfin, au milieu du bâtiment situé tout à fait au fond de l’immeuble, en un endroit inaccessible et derrière le Labyrinthe Sacré, se trouve le Sanctum Regnum, précédé du parvis interdit à tous (prohibitum pro-