Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/427

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pylæum). Dans ce parvis, se tiennent constamment, se relayant, deux membres de la Masonic Veteran Association, choisis parmi les plus dévoués et les plus sûrs de cette phalange d’élite.

Le Sanctum Regnum est un appartement de forme triangulaire, dont les murs sont d’une épaisseur invraisemblable, plus épais même que les murailles maîtresses. Comme si la garde vivante du péristyle ne suffisait pas à en défendre l’entrée, deux portes de fer, toujours fermées, en forment la clôture. Seuls, le suprême chef dogmatique et les dix membres du Sérénissime Grand Collège franchissent ce seuil, lors des tenues. On peut néanmoins y pénétrer en dehors des séances ; mais il faut avoir au moins le grade de Hiérarque et être accompagné dans cette visite par l’un des onze ayant droit de siège nominatif.

On sait que l’organisation du Sérénissime Grand Collège est essentiellement cabalistique ; toutefois, il est important de rappeler ici qu’en séance, les chefs suprêmes ne se connaissent plus par leurs noms d’hommes. Le suprême chef dogmatique est l’Ensoph, et les autres sont les dix Séphiroth. Ainsi, pour prendre la composition du plus haut pouvoir directif de la secte au 1er mars 1891 : Albert Pike était l’Ensoph ; Georges Mackey, Kether ; Chambers, Khkohma ; William Upton, Binah ; le juif Essex, Khésed ; Crowel, Din ; Macdonald Bates, Tiphereth ; Walder père, Netzakh ; le gros Bruff, Hod ; Ireland, Iesod ; et Richard Thompson, Malkhuth. Quand un des dix assistants du chef suprême est remplacé pour cause de décès ou pour une raison de force majeure, son successeur prend son nom cabalistique : c’est ainsi que Chambers a succédé à Frédérick Webber comme deuxième séphirah (Khokhma), Bates à Thomas Tullock comme sixième séphirah (Tiphereth), etc.

J’ai donc visité le Sanctum Regnum, et je crois ne pas me tromper en affirmant que ceux qui ont mis le pied dans la salle triangulaire de Charleston sont infiniment peu nombreux ; car tous les Hiérarques et Mages Élus n’ont pas l’occasion de faire un voyage aux États-Unis d’Amérique.

Le Baphomet templier (place n° 1 sur le plan) ressemble à celui de Calcutta, dont j’ai donné la reproduction, page 89. Il y a lieu, pourtant. de noter les différences que voici : l’idole de Charleston est plus grossièrement exécutée et présente des caractères de vétusté incontestables, sans que cela prouve néanmoins qu’elle remonte au temps de Jacques Molay ; la tête de boue est d’un aspect de brutalité frappante ; le front est très large, la croix avec rose, au pied de laquelle est le pélican, est l’effet d’une modification récente, puisque le Baphomet templier portait là un caducée, dit-on ; les deux serpents indien et égyptien de droite et de gauche, qu’on remarque à Calcutta, n’existent pas à Charleston ;