Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/452

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Macchi comme lieutenant grand commandeur. Mais, pendant longtemps, Giorgio Tamajo, le souverain commandeur grand-maître de ce Suprême Conseil du Rite Écossais, colonel et sénateur, tint bon, ne voulant pas abdiquer ses droits de chef d’un nombre important de loges ; car ces fameux droits lui valaient une bonne petite rente annuelle, sous forme de prélèvements à son profit sur les finances des ateliers de la fédération. Lemmi, qui sait trouver de l’argent pour les autres, quand il ne peut pas faire autrement et surtout quand ce n’est pas sa bourse personnelle qui paie, réalisa, par les fonds disponibles de la caisse du Grand Orient, la somme nécessaire à désintéresser Tamajo ; cette somme fut, du reste, immédiatement remboursée à Lemmi par Charleston. 50,000 francs triomphèrent des dernières résistances du souverain commandeur, et le Suprême Conseil de Rome fusionne avec le Grand Orient d’Italie, le 21 janvier 1885 (date réelle, mais qui n’est pas celle indiquée dans les bulletins destinés aux initiés incomplets, ni dans certains annuaires officiels).

À cette même époque, le ramolli Petroni fut l’objet d’une distinction spéciale. Comme il s’obstinait à vivre, on ne pouvait pas lui décerner les honneurs de la canonisation maçonnique ; et, d’autre part, Lemmi avait maintenant l’ambition d’exercer le pouvoir à titre effectif. On créa donc une dignité nouvelle en faveur de l’ex-galérien : Pétroni fut proclamé très puissant et très sublime prince souverain grand-maître émérite de la Maçonnerie Italienne, et Lemmi, prenant officiellement sa place, fut désigné dès lors, dans les bulletins et annuaires, sous le titre de grand-maître du Grand Orient d’Italie. L’avocat Pirro Aporti devint grand-maître adjoint ; Luigi Castellazzo, grand secrétaire ; et Ulisso Bacci, secrétaire du grand-maître et du conseil de l’ordre.

Il restait à absorber le Suprême Conseil Général de Turin. Quant au Souverain Conseil Général de Naples, il n’y fallait pas songer ; sa situation de grand centre directeur du rite de Memphis et Misraïm pour tous les pays du globe était un obstacle irréductible ; si Pessina, contre une somme quelconque, avait accepté la fusion avec le Grand Orient d’Italie, il eût été aussitôt désavoué par les autres grands-maitres misraïmites de France, d’Égypte, d’Angleterre et d’Amérique, et un nouveau Souverain Sanctuaire de Memphis eût été immédiatement constitué à Naples avec d’autres éléments. Du reste, Albert Pike tenait à ce que le rite tout spécial de Memphis et Misraïm, qui est un des principaux agents du recrutement luciférien direct, demeurât intact.

Le Suprême Conseil de Turin n’était pas commode à amener à composition. Au point de vue des relations extérieures, il avait plus d’autorité que le Suprême Conseil de Rome ; Tamajo n’était qu’un dissident du centre écossais de Turin, tandis que Riboli avait été le premier repré-