Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/462

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d’état-civil qui figurent sur les diplômes maçonniques. Ce qui est certain, c’est qu’il mourut dans la même ville, le 11 mai 1880.

Maçon et carbonaro, il fit partie de la Jeune Italie ; Mazzini le comptait au nombre de ses enthousiastes. Dans la vie civile, il était avocat, ayant fait ses études de droit à Pise. D’une hypocrisie achevée, il réussit à se faire nommer ministre de la justice à Florence, lorsque le grand-duc de Florence eut la faiblesse de faire des concessions au parti libéral ; il conspira plus efficacement que jamais contre son prince, et opéra de telle façon que le grand-duc dut abandonner ses états devant la révolution criminelle déchaînée par son ministre infidèle (1848).

Mazzoni se substitue au gouvernement légitime, en formant un triumvirat avec les FF∴ Guerrazzi et Montanelli. Mais le régime révolutionnaire ne dura qu’une année, et Mazzoni, lors de la rentrée du grand-duc dans ses états, quitta l’Italie et se réfugia en France. Il se rendit d’abord à Marseille et s’affilia à une loge de cette ville. Il correspondit toujours avec cette loge, dont j’ai pu consulter les archives, où j’ai vu de nombreuses lettres de lui. Je puis dire ainsi, d’après mes notes, et d’une façon certaine, que ses amis et protecteurs en France furent Lamennais, Proudhon et Hippolyte Carnot, père du président actuel ; il était ami intime de la famille Carnot, au moment où il vivait à Paris en donnant des leçons de langues italienne, latine et grecque.

Au cours de son exil, il accueillit Adriano Lemmi, alors tout jeune, ainsi que le poète Giannone, autre franc-maçon compromis.

Il rentra en Italie vers 1859. N’ayant pas d’autres moyens d’existence que l’exploitation de la politique, il réussit à se faire élire député de Toscane au parlement italien. Un des premiers soins de Mazzini, en établissant à Rome la direction politique de la maçonnerie universelle, après la sacrilège usurpation piémontaise, fut d’instituer Mazzoni grand-maître au Grand Orient d’Otalie. Un des premiers actes du roi Humbert, lorsqu’il succéda à son père Victor-Emmanuel, fut de nommer sénateur le grand-maître Mazzoni. La complicité d’Humbert avec la secte peut-elle être niée ? je le demande après la dénonciation de ce simple fait.

Humbert n’ignorait pas, certes, l’autorité de Mazzoni dans la franc-maçonnerie. Le grotesque moustachu du Quirinal, le valet des loges qui aime tant à rouler des yeux blancs et à prendre des airs de croquemitaine en public, et qui sait bien ne devoir son trône qu’à la tolérance des frères trois-points, est d’une platitude invraisemblable devant les Lemmi et consorts.

C’est Garibaldi, grand-maitre du rite de Memphis et Misraïm, qui lui recommanda le frère Mazzoni :

— Mazzoni est au Grand Orient de Rome ce que je suis au Souverain