Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/478

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naires. Le franc-maçon juif, qui devient le salarié du Directoire Exécutif de Rome, va chez les catholiques et simule une conversion. Naturellement, il trouve bon accueil : un israélite qui demande le baptême, quelle joie pour les croyants et l’âme droite, pour les convaincus enthousiastes ! et si ce juif converti est en même temps un franc-maçon repentant, intarissable en promesses de consacrer désormais, dans sa sphère modeste, sa vie au triomphe de l’Église, l’allégresse est complète, la reconnaissance déborde, c’est à qui tuera le veau gras en l’honneur du converti.

Dès lors, son rôle commence, un rôle à deux fins, ainsi qu’on va voir. D’une part, notre homme réussit à se glisser un peu partout chez les défenseurs de la religion : il recherche les catholiques militants, les présidents et secrétaires de comités et d’œuvres, les principaux rédacteurs des journaux conservateurs, ceux des membres du clergé qui se mêlent personnellement à la lutte contre la secte impie ; il ose même aller chez les évêques ; bref, il se crée le plus de relations possible ; et alors il transmet à Lemmi, régulièrement, les résultats de son espionnage, du moins ceux qui lui paraissent être de nature à intéresser le Chef d’Action politique. D’autre part, il a soin de faire valoir ses connaissances en matière maçonnique ; il sent d’un concours très utile, affirme-t-il ; il peut se procurer encore des documents précieux ; et, en effet, il vend aux catholiques des volumes, annuaires, bulletins, rituels et autres publications qui, pour n’être pas dans le commerce ordinaire, ne sont néanmoins nullement secrètes, puisqu’il suffit, en premier venu, des métaux indiqués au tarif et d’une équerre adroitement tracée sur la poitrine pour se les procurer dans les librairies maçonniques. Il ne manque pas de dire que cela lui coûte très cher.

C’est en se livrant à ce commerce, pour lui fort productif, qu’il entretient la confiance et qu’il étend de jour en jour davantage le réseau de ses opérations. Et ainsi, tout ce que la secte a surtout à cœur de laisser ignorer aux profanes, il contribue à le cacher, précisément en ayant l’air de fournir des renseignements sur tout ce qui touche à la maçonnerie, et, en réalité, en ne parlant jamais que de ce qui se rapporte aux faits déjà avérés et aux institutions non nièce par les chefs.

Jamais le juif faux-converti, à la solde de Lemmi, n’avouera l’existence du Palladisme ni celle des rites féminins.

Sur la question de l’occultisme luciférien : ou il fera l’ignorant, même s’il a reçu l’initiation des hauts grades sans l’anneau, et, s’il voit qu’il a devant lui quelqu’un bien certain du fait, il préférera passer, sur ce point, pour avoir appartenu à la catégorie des nigauds ; ou bien, s’il est doué d’une certaine dose de cynisme, il niera carrément, il prétendra avec hardiesse être au courant de tout et par conséquent être en mesure