Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/483

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pas officiellement à la secte, et qui sont pourtant animées de son esprit. Ces personnes sont, en quelque sorte, des maçonnes dissidentes. Telle, par exemple, madame Boyanowiteh, dite Paule Mink, qui cache si peu ses sentiments, qu’elle a donné à son fils, né à Montpellier, les prénoms de « Lucifer-Blanqui » ; ce qui lui valut une vive discussion avec l’officier de l’état civil, celui-ci refusant d’enregistrer de pareils prénoms. Les Paule Mink ne sont pas l’exception, je vous prie de le croire ; dans mon chapitre sur les lucifériennes dissidentes, j’en montrerai bien d’autres, et j’annonce d’ores et déjà à mes lecteurs des tâtonnements qui iront jusqu’à la plus complète stupéfaction.


En terminant la seconde partie de cet ouvrage, et avant de faire descendre le lecteur dans cette succursale de l’enfer, que j’appelle « la fabrique de crimes », avant de le faire assister aux grandes séances de spiritisme luciférien, avant de montrer et d’expliquer les hystériques et les démoniaques, qu’il ne faut pas confondre, j’ai le devoir de rassurer les catholiques sur les suites de ma campagne.

Ce serait, en effet, une erreur de croire qu’une fois cet ouvrage publié, je considèrerai ma mission comme terminée. Non ! J’ai fait ma profession de foi : je suis surtout homme d’action ; je ne cherche pas le bruit, l’éclat, le tapage ; je veux seulement entraver l’œuvre malsaine de la franc-maçonnerie satanique, lutter contre la secte maudite et pour la sainte cause du seul et vrai Dieu.

Pour continuer ce que j’ai froidement exécuté pendant onze années, mes mesures sont prises. Lemmi et les autres chefs s’en doutent bien ; car, dans tout ce que j’ai dit jusqu’à présent, ils ont pu reconnaître, eux, des allusions à des faits postérieurs à l’affaire qui m’a valu le retrait de mes titres maçonniques (voir page 157). Et ils se demandent comment j’ai pu assister à telles séances des plus secrètes, après mes difficultés avec les maîtres du Palladium. Je sais que cette situation inquiète tout particulièrement Lemmi. Mais, je l’en préviens bien, il aura beau chercher, il ne trouvera pas.

Je retournerai, quand je le voudrai, dans les triangles, et Cresponi lui-même ne me reconnaîtra pas ; l’étude que j’ai faite de lui m’a profité, à tel point que nous nous sommes déjà rencontrés plusieurs fois, sans qu’il se soit douté qu’il avait devant lui le cher docteur dont il fit la connaissance en octobre 1880, à Calcutta.

Lorsque je fus cité à comparaître devant mes pairs lucifériens, j’avais tout prévu, j’avais paré à tout ; je tenais à ce que mon enquête ne fût interrompue à aucun prix. Et, en effet, je l’ai poursuivie à ma guise, comme je puis la reprendre demain, même après avoir publié cet ouvrage. Envers