Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/504

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billet contenant ces mots est égaré, il sera bien difficile de savoir de qui il est question.

Des lampes à essence se fabriquent encore, pour l’éclairage des triangles, dans la plupart des séances ; elles sont en alliage de cuivre, étain et quelques parties d’argent, affectent la forme antique et ont onze branches ; elles se suspendent à la voûte ; leur quantité de branches constitue le nombre sacré de la cabale, mais sans aucun but spécial au point de vue des évocations.

L’épée de l’occultisme palladique est assez semblable à celle de la magie des groupes dissidents ; sa différence la plus importante consiste dans les ornements de la poignée et dans les inscriptions gravées. La lame doit être d’acier de la meilleure trempe ; la poignée, de cuivre doré ; la garde est faite de deux croissants en argent posés dos à dos, ainsi que deux autres croissants, mais ceux-ci très petits, placés au sommet de la poignée. À l’endroit où la lame est emmanchée dans la poignée, il y a de chaque côté un triangle en or, où le fabricant luciférien grave le pentagramme ordinaire, comme signe de Lucifer, sur un des deux triangles, et le signe de Belzébuth sur l’autre. Sur un côté de la lame, on grave la phrase : Igne Natura Renovatur Integra, mais en lettres de l’alphabet secret des mages d’Alexandrie, lesquels prétendaient tenir cet alphabet des derniers initiés de l’Égypte ancienne. Sur l’autre côté de la lame, on grave, également en lettres du même alphabet ésotérique, la phrase : Maledicti sint scelestus Adonaï excelsus universi terrarum orbis vexator et Christus Bethlemitus sanctæ veræque fidei proditor ; maudits soient le scélérat Adonaï, très haut tyran de l’orbe universel des mondes, et le Christ de Bethléem, traître à la sainte et vraie foi.

Cette épée, qu’il ne faut pas confondre avec les épées dont sont armés tous les frères dans la maçonnerie ordinaire, n’est tenue en triangle que par le médium (grand-maître, grande-maitresse ou autre) qui préside et dirige la cérémonie d’évocation, et elle est usitée uniquement dans les appels aux esprits du feu qui appartiennent aux hauts degrés de la hiérarchie infernale.

Comme la lampe magique à neuf mèches, l’épée des grandes évocations doit avoir été consacrée par un Mage Élu, formalité qui ne peut être remplie que le dimanche, à midi, et qui est assez compliquée. Il faut notamment humecter l’épée avec du sang de corbeau, l’essuyer ensuite avec de la laine de mouton noir ; et, en outre, le dimanche suivant, à la même heure, on doit brûler la laine et le cadavre du corbeau, dans un brasier autour duquel on fait la chaîne en prononçant des paroles d’exécration.

La baguette magique des triangles sert dans les petites évocations,