Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/507

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sentés de face (nous savons que 7 est le nombre de Lucifer) et six autres anneaux aperçus de profil, c’est-à-dire assez peu visibles. N’importe, chaque fragment de chaîne est de 13 anneaux ; or, 13 est le nombre de la haute magie luciférienne, comme 11 est le nombre spécial de la cabale ancienne et moderne. Enfin, la chaîne ainsi brisée est l’emblème satanique de l’humanité affranchie de la superstition catholique par le Palladium sacro-saint ; les grandes-maîtresses des triangles et toute Maîtresse Templière portent, comme insigne distinctif, à chaque poignet, un bracelet d’or, large et massif, et à chaque bracelet pend une chaîne de treize anneaux. La chaîne brisée qui décore le blason commercial de MM. Hardman, Powell et Cie, est donc très exactement la chaîne brisée du Palladisme.

Lorsque j’eus bien considéré ce prospectus, j’étais fixé. Néanmoins, je voulus en avoir le cœur net. Je priai une personne sûre de s’informer à Birmingham même. Cette enquête particulière amena la confirmation de ce que l’examen du prospectus m’avait fait comprendre : les catholiques MM. Hardman, Powell et Cie se livraient en secret au commerce des objets d’occultisme, ils vendaient des Baphomets et toutes sortes d’idoles diaboliques. Bien mieux, le cardinal Manning, ayant eu vent de la chose, vérifia les faits, en acquit la preuve, et défendit dès lors au clergé catholique anglais de se servir dans cette maison.

Voilà donc mes lecteurs prévenus. En étudiant dans cet ouvrage les pratiques occultistes, que je fais minutieusement connaître, ils seront bientôt à même de découvrir les brebis galeuses. Ils découvriront des lucifériens en constatant les coupes et expéditions des sept bois hors saison, en recherchant pour le compte de qui ces bois se coupent et s’expédient ; voilà un renseignement important dont on fera bien de tenir compte. Quant aux marchands de matériel et d’ornements d’église, ceux qui sont les complices de l’occultisme se trahissent fatalement par une de ces particularités qui n’échappent pas à l’observateur initié ; or, le lecteur qui lira jusqu’au bout cet ouvrage en saura autant que s’il avait fréquenté pendant plusieurs années les triangles.

On doit comprendre à présent combien l’œuvre de divulgation que j’ai entreprise excite contre moi des colères sourdes. Les sectaires sont dans la rage ; mais ils sont obligés d’avaler leur bile, car ils sentent que mes mesures sont prises et bien prises contre eux. Les plus furieux, ce sont les faux catholiques, ceux qui jouent un rôle et qui croyaient pouvoir le tenir jusqu’au bout. Ceux-ci sont littéralement épouvantés par cette publication ; ils se demandent avec anxiété s’ils sont au nombre de ceux dont j’ai pu constater la duplicité ; et, pour peu qu’ils se soient mis en avant comme catholiques, pour peu qu’ils se soient montrés chrétiens