Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/638

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Des deux opinions, on le voit, l’une nie carrément l’intervention diabolique, elle est intransigeante sur ce point ; l’autre, opportuniste, admet la possibilité, à un moment donné, de l’intervention du surnaturel, au sujet duquel, d’ailleurs, elle évite de s’expliquer nettement ; à l’Église qui lui dit « possession », la première répond « hystérie » ; et la seconde dit : « peut-être bien que si, peut-être bien aussi que non. »

Eh bien, elles se trompent toutes deux.

Comme nous allons le voir, hystérie et obsession ou possession, peuvent, il est vrai, se rencontrer ensemble chez le même individu ; un boiteux peut être ma fois et par hasard bossu ; mais ce n’est pas là la règle, bien au contraire.

L’hystérie est une maladie médicale, qui relève de la médecine et de la médecine seule ; la possession est un état spécial qui n’a rien à voir avec la maladie et relève de l’Église, et de l’Église seulement ; et jamais, au grand jamais, l’hystérique ne deviendra ou ne sera possédé, parce que hystérique ; pas plus que le possédé n’est un hystérique, en quoi que ce soit. Il y a là, entre les deux, un abîme, une différence nette et caractéristique, au sujet de laquelle aucune confusion ne peut être établie, si ce n’est par ceux qui ont intérêt à l’établir par haine de l’Église et pour essayer de la surprendre en défaut.

Enfin, — tandis que dans la possession, tout est supranaturel et inexplicable autrement que par l’intervention du Maudit, tandis que tout renverse les lois ordinaires de la nature, — dans l’hystérie, au contraire, tout est naturel, physiologique, tout s’explique simplement, disons-le, par un seul mot que nous expliquerons : inhibition ; et il n’y a pas dans cette maladie, ordinaire et banale, rien qui s’approche du surnaturel ou le côtoie seulement.

Un premier fait va l’établir immédiatement.

L’hystérie se diagnostique et se soigne médicalement. Grâce aux remèdes, à l’hygiène peut-être plus encore, elle s’améliore quelquefois, mais ne guérit, absolument, jamais ; c’est une folie circulaire du système nerveux et principalement du grand sympathique, qui revient par périodes, puis disparaît, mais pour un temps seulement ; c’est une maladie, en un mot. Il en est tout autrement de la possession : celle-ci ne cède jamais aux remèdes, qui sont sur elle sans action ; mais en revanche elle disparaît totalement, dans la grande majorité des cas, sous l’influence de l’exorcisme, et dès qu’il plaît à Dieu. En tous cas, lorsque le possédé est délivré, il l’est bien ; et, — tandis que l’hystérique, même dans ses périodes de calme, porte sur sa figure et dans son habitus le cachet indélébile de la maladie qui le tient, dont l’état anormal habituel de son système nerveux est la cause, traîne en un mot sa vie durant, — le