Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/639

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possédé, au contraire, dès sa délivrance, se retrouve du jour au lendemain dans son état normal.

Le possédé n’était donc pas un hystérique, et réciproquement.

Voilà une première différence très nette, il me semble ; l’argument est topique, et je crois difficilement qu’on le puisse réfuter.

Mais, quelque décisif et victorieux qu’il soit, il mc plaît de ne pas m’en contenter ; je ne veux pas qu’on puisse dire de lui : testis unus. Je prétends maintenant suivre savants et médecins sceptiques sur leur propre terrain, les y battre et démontrer, par l’observation absolument scientifique des faits, d’un côté la maladie, de l’autre la possession.

La question est trop grave pour que le lecteur ne m’accorde pas toute son attention. Qu’il ne s’effraie pas, je serai clair, d’une clarté absolue.


Étudions l’hystérie, celle qu’on a appelée la grande névrose, d’abord. Voici comment il faut la comprendre. Quelques mots expliquant le fonctionnement du système nerveux seront nécessaires pour cela.

Je peux, si je veux, prendre ma plume et écrire, puis la reposer sur mon encrier, mais je peux aussi ne pas le faire ; je peux me lever, marcher, courir, mais je peux aussi rester assis, ou m’arrêter ; tous ces actes sont des mouvements sur lesquels j’ai une autorité absolue, directe et immédiate, que j’exécute aux moyens de muscles, appelés muscles à fibres striées, d’une structure anatomique spéciale, définie et très connue.

Mais, si je puis accomplir ces actes, il en est d’autres que je ne puis ni accomplir ni empêcher de mon plein gré, à l’état normal. Ces actes de la deuxième catégorie sont, pour n’en citer que quelques-uns, les battements de mon cœur, la digestion de mon estomac et les mouvements péristaltiques de cet organe ; les secrétions de mes glandes, etc., etc…, toutes choses dont les agents de mouvement sont aussi des muscles, mais d’une structure autre que les précédents, à fibres lisses, d’une structure anatomique spéciale donc aussi, mais mal définie et peu connue.

Ces deux ordres de phénomènes que je viens de signaler, sont les deux caractéristiques principales de la vie qui se manifeste donc : 1° par les fonctions de la vie de relations ; 2° par celles de la vie végétative.

À ces deux ordres de fonctions, dont les agents sont, nous l’avons vu, deux systèmes de muscles différents, correspondent aussi deux systèmes nerveux différents : l’un, qui règle la vie de relations, le système nerveux cérébro-spinal, composé d’un ensemble complet, le cerveau, la moelle épinière et les nerfs ; l’autre, qui règle la vie végétative, le système nerveux du grand sympathique, composé de parties mal connues encore et insuffisamment précisées quant à leur structure et à leur action.