Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/643

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les mots que tout à l’heure ma plume traçait pour expliquer les opérations cérébrales, le mot âme venait de lui-même se placer, et qu’il m’a fallu un réel effort volontaire de style pour l’esquiver et lui échapper, vainement d’ailleurs ; l’âme éclate, elle s’impose, elle fait à travers toute cette trame anatomique et resplendit pour en faire comprendre et la vie et la splendeur.

Qu’est-ce que cette mémoire ? Qu’est-ce que ce jugement, surtout, qui permet de comprendre, de faire naître une idée de la comparaison de deux sensations, si ce n’est l’âme divine, qui se sert d’organes matériels pour faire agir la matière, et la diriger ?

Et qui ne sent aussi que tout ce mouvement, toute cette action, toute cette vie de relations est volontairement et judicieusement réglée par le cerveau, intermédiaire et organe de l’âme, laquelle compare, juge et dirige ; et que, si une lésion de l’organe supprime la fonction, une lésion de l’aime, un trouble seulement psychique, sans lésion, sans maladie, sans maladie anatomique, la supprime aussi ou bien la laisse, mais alors sans direction, sans contrôle, sans justification ; et que, si, une fois la matière détruite, l’homme disparaît matériellement, il peut disparaître aussi intellectuellement, comme dans la folie, par exemple, où il n’y a pas la plus légère altération dans la matière, et où, néanmoins l’homme n’existe plus, où il ne subsiste qu’un animal qui vit et végète, anatomiquement seulement, dans un corps d’où l’âme est absente, momentanément ou à jamais ?

Il est juste aussi de dire que les prétendus libres-penseurs ont montré eux-mêmes, par la continuation de leurs recherches, que ce matérialisme qu’ils affichent si haut et affectent de clamer si fort, est tout simplement de l’anticatholicisme, de l’irréligion voulue, et qu’au demeurant, dans le fond de leur âme et conscience, quelque boueux que soit ce fond, il y reste une parcelle propre, et que de leurs vaines déclarations ils ne croient pas un traître mot.

Il y a, en effet, dans ce piano humain sur lequel tape aujourd’hui à tour de bras, histoire de faire grand bruit, le singe dont je parlais tout à l’heure, tout un côté mystérieux, tout un coin inexploré, que le facteur divin ne veut pas encore, paraît-il, que l’on découvre ; peut-être un jour seulement, dans les temps à venir, il permettra d’en analyser une corde, si toutefois cela lui plaît ; et ce coin inexploré, c’est le cerveau antérieur, ce quelque chose de derrière le front, où d’instinct l’homme sent que, sous les touches au moyen desquelles se révèle plus directement la pensée, l’âme siège, l’âme, ce cerveau pensant qui le fait homme, de singe qu’il veut être, et bien qu’il en ait.

Ce coin, la science, se targuant de scepticisme, essaie, depuis des