Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/644

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siècles, de lever le rideau qui le cache, et depuis des siècles, aussi, elle s’y brûle les doigts. L’acharnement qu’elle y met prouve, à lui seul, qu’elle n’est pas tant que cela sa propre dupe, et qu’elle est loin d’être satisfaite de sa théorie de l’homme mécanique et de sa vie, résultante du jeu de ses organes, eux-mêmes résultants de conditions chimiques et physiques réalisées aux hasards de l’aventure, de l’espace et du temps.

Je viens de résumer, d’une façon aussi claire et aussi précise que possible, les premières connaissances qui nous sont nécessaires pour comprendre l’hystérie, la folie et la possession ; et j’ai donné la solution de la première portion du problème, l’explication de la vie de relations : un cerveau, intermédiaire et agent de l’âme, qui, par sa substance grise, active, commande ; dont les ordres sont transmis par des nerfs et exécutés par des muscles ; tout cela, dirigé, ordonné, discipliné et soumis à une volonté, émanation de l’âme, qui, lorsqu’elle disparaît, réalise l’homme matériel, la brute, vivante encore, mais inconsciente et incoordonnée.

Il me faut maintenant, et de la même façon, expliquer et exposer la vie végétative, par laquelle j’arriverai directement à l’hystérie.


Ici nous pénétrons en plein inconnu : tandis que la physiologie et l’anatomie du système nerveux cérèbro-spinal ou de la vie de relations sont bien connues, il n’en est plus de même pour celles du système nerveux de la vie végétative ou grand sympathique.

Dans ce domaine, plus de cerveau, plus de moelle, mais seulement de petits amas de substance grise nerveuse, connus sous le nom de ganglions, disséminés au centre même des tissus qu’ils innervent, mais sans qu’on sache rien de leur structure précise ni de leur disposition. Tels sont, par exemple, dans le cœur, les ganglions connus sous les noms de ganglions de Ludwig, de Remack et de Eider.

Ces ganglions, composés de substance grise, sont évidemment des centres actifs et moteurs, puisque tel paraît être le rôle de cette substance ; mais comment agissent-ils ? Tel est le problème. Comment transmettent-ils leurs ordres aux tissus ? Autre problème. Sont-ce de petits cerveaux, répandus partout et qui ne possèdent que la faculté motrice ? ou sont-ce simplement des centres de décharge, des accumulateurs de volonté ? Sont-ils directement en rapport avec les centres cérébrospinaux et subissent-ils leur influence ? ou bien sont-ils autonomes et indépendants ? Toute une série d’x se dresse là, auxquels la science moderne n’a pas encore pu répondre d’une manière satisfaisante.

Tout ce que l’on sait, c’est qu’ils ont une action sur les organes de la