Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/648

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extraordinaires, et dans laquelle le supranaturel n’intervient aucunement.

L’hystérie est la folie de la vie végétative. Étudions-la.


Nous voici en présence de deux enfants, un petit garçon et une petite fille ; car l’hystérie est une maladie propre aux deux sexes, on le sait. Suivons-les, si vous le voulez bien, dans leur développement, et surveillons-en les péripéties diverses.

Un mot d’abord sur le père, la mère et les ascendants : des névropathes toujours, très souvent des alcoolisés ; en tous cas, des déshérités de la vie, des tarés intellectuels et matériels, congénitaux ou acquis ; de telle sorte que la descendance se ressentira fatalement, à un degré quelconque, des mécomptes intellectuels ou physiques des ataves.

Chez l’enfant, ainsi prédispose, le surmenage intellectuel ou le vice précoce, le surmenage physique, l’énervement, résultats communs d’une éducation morale et hygiénique mauvaise, par trop de sollicitude méticuleuse, de bien-être, en par trop d’abandon, de laisser-aller, par pauvreté.

Dans ce milieu, le système nerveux évolue, inapte encore à se conduire lui-même, mais prêt à subir admirablement les impressions internes ou extérieures ; et, sans tarder, éclatent les premiers symptômes caractéristiques de son instabilité et de son état précaire : inaptitude au travail, difficulté de l’assimilation intellectuelle, à côté d’envolées subites inexplicables, suivies d’affaissement, migraines, douleurs diverses, tics ; telle est la première symptomatologie, l’expression phénoménale du futur hystérique. En même temps, le caractère se ressent de l’incertitude de l’élément nerveux. L’enfant ne sera pas comme ses camarades. La gaité franche et turbulente de son âge sera remplacée chez lui, ainsi que le chagrin, par des alternatives de bouderie et d’éréthisme hilarant, des bouffées de rires comme des bouffées de pleurs, subintrantes, ou saccadées, mais toujours incontinentes, sans rime ni raison ; à une affectivité sans borne ni cause, succédera une horreur aussi inconsidérée. Tout cela évoluera sans règle fixe, sans pondération, mais comme dans un perpétuel à peu prés.

Le physique naturellement suivra le moral ; l’enfant graine-d’hystérique poussera mal et encore à côté. Aux couleurs disparues ont succédé un teint pâle, avec des alternatives de rougeur et de décoloration, toutes deux outrées ; la peau s’est amincie comme chez le vieux, tandis que la partie supérieure du crâne s’est outre mesure développée au détriment de la face et des mâchoires ; le nez s’est effilé, et les oreilles se sont écartées de la tête, de chaque côté du front bombé, au-dessous duquel,