Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/649

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profonds dans l’orbite, scintillent maladivement les deux yeux, aux sclérotiques bleues. L’arbrisseau tout entier est chétif, malingre, rabougri, tout en étant démesurément grandi, et noueux aux articulations, tout en restant droit. Singulier contraste, vivant paradoxe, qui prélude par là à la folie névrosique de plus tard.

Dès lors, en effet, le terrain est préparé, l’éducation a ensemencé et les premiers bourgeons paraissent ; la maladie installée va faire soudainement irruption.

Jusqu’ici toute la symptomatologie s’est bornée à une impressivité extraordinaire de la sphère sensitive, et aucun phénomène ne s’est encore produit qui puisse permettre de dire : « Ah ! voilà de l’hystérie ! » C’est plutôt un état de nervosisme général exagéré, lorsque tout à coup, et sans cause appréciable ou raisonnable, la première crise se produit.

Fruste encore, et rapide, fugace, elle est la silhouette, le fantôme seulement de la névrose, qui pour la première fois se montre avec une certaine évidence. Mais aussitôt la première crise d’entrée en matière passée, tout rentrera dans l’ordre instable, au moins pendant un certain temps.

Mais voici que le grand sympathique va entrer décidément en jeu, et aussitôt les principales fonctions de la vie végétative vont être atteintes. Un beau jour, et à propos de rien, l’estomac se détraque fonctionnellement ; il devient grognon, refuse toute nourriture, se contracte, se rétracte, ou bien s’enfle de gaz comme une outre pour s’affaisser aussitôt, ou bien encore, atteint de pics ou de boulimie, avalera de tout, outre mesure, aliments aussi bien qu’objets divers ; transformé en bazar hétéroclite, il fera tout de travers son choix parmi les choses qui l’encombrent, rejetant les aliments qu’il devrait digérer, pour conserver les objets nuisibles qu’on sera obligé d’expulser de force de son contenant. Le pain sera pour lui une chose devenue insupportable ; la présence d’une simple mie le fera tordre, comme brûlé par l’acide le plus violent, tandis que les choux, les coquilles d’amandes, tous les détritus en un mot indigestes, passeront comme lettres à la poste. L’intestin, bien entendu, suivra les mêmes errements ; puis, c’est le cœur, comme ivre, qui battra la chamade sans rime ni raison, occasionnant de violentes douleurs et des palpitations ; le foie, les reins, les glandes diverses, se mettront aussi de la partie, pour sécréter ou se tarir à tort et à travers.

Dès lors, c’est fait ; toute la sphère végétative du grand sympathique est prise, et l’incohérence fonctionnelle commence de ce côté : l’hystérie est faite.

Voici que tout d’un coup, en effet, la première crise sérieuse et caractéristique a lieu. On ne peut plus s’y tromper, et d’un seul coup, sans transition aucune, le système nerveux cérébro-spinal que nous connais-