Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/671

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sique : celui de ce président d’assises, qui, au milieu d’une séance des plus solennelles de la cour qu’il présidait, se lève de son siège, va dans un coin de l’hémicycle, et gravement urine, puis revient à sa place, inconscient de l’acte énorme qu’il vient de commettre aux yeux de tous.

Ainsi donc, formes frustes de la pensée, du geste, de l’acte, telles sont les principales caractéristiques de l’hystérie larvée, où domine l’inconscience absolue, comme critérium ; et ce sont là bien des manières d’être de l’hystérie qui n’ont rien à voir ni avec la folie ni avec la possession et que l’on ne peut confondre avec elles. Car, si nous voulons les résumer, les analyser rapidement, qu’y trouvons-nous ? la folie ? non ; la possession ? pas davantage ; mais l’hystérie tout entière et classique, comme nous allons voir.

Classons-les, en effet, dans leur ordre véritable et pathognomonique.

Qu’est-ce que c’est que cette absence momentanée du moi, cette lecture ou cette conversation une seconde à peine interrompues, si ce n’est la première phase de l’hystérie classique : l’inhibition, l’obnubilation ?

Que sont en effet ces tics, ces contractures simples ou associées, passionnelles à attitudes ou non, si ce n’est la seconde phase de l’hystérie classique, la catalepsie ?

Que sont enfin ces actes, inconscients malgré leur énormité, si ce n’est la troisième phase de l’hystérie, le somnambulisme ?

Auto-suggestion, zone hystérogène inconsciemment mise en éveil, telle est leur genèse et leur cause. Quelque merveilleux que cet ensemble apparaisse, il est naturel, archinaturel ; c’est la dissection, la dissociation, le morcellement de la grande névrose ; et le rapprochement de tous ces morceaux, leur mosaïque, la reconstitue dans son intégrité.

Inconscience, c’est-à-dire inhibition, telle en est la formule, l’explication ; et une dissection plus minutieuse irait plus loin ; elle ferait même retrouver, dans chacune des formes en apparence peut-être seulement fruste et larvée, la névrose tout entière, classique, telle que nous la connaissons bien à présent.

Mais cette étude nous entraînerait trop loin. Ici encore, je donne une clef à mes lecteurs, un moyen pour eux d’approfondir.

On le voit donc, l’hystérie est innombrable, essentiellement protéiforme, changeante et diverse ; c’est un arc-en-ciel, physiologique ou pathologique, d’exagérations en deçà ou au delà ; et c’est précisément cette quantité considérable de cas, cette incontinence d’hystérie se glissant partout, qui a permis de douter des cas de possession et de les ranger dans l’hystérie, à la suite d’erreurs inconscientes ou voulues.

Mais, dans ces derniers cas, comme nous allons le voir, l’Église nous est le critérium.