Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/735

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lows, que ce que j’affirme dès à présent, en attendant d’en dire plus long, est l’exacte vérité.

Donc, dans le cas de pacte, l’obsédé est toujours, malgré Satan, libre de se ressaisir ; les serments prêtés au diable ne lient pas réellement, n’ont aucune valeur, est-il besoin de le dire ? Considérez, par exemple, la situation d’un homme qui se serait engagé, par serment, vis-à-vis d’un autre homme, à commettre un assassinat ; si ce malheureux égaré vient à comprendre ensuite qu’il est déjà bien coupable d’avoir souscrit un pareil engagement, il est évident qu’il n’y a pas de serment qui tienne et qu’il n’a besoin de personne pour l’en délier ; il renoncera alors à accomplir le crime, il récupérera sa liberté, de lui-même, par la seule décision de sa conscience revenue au bien et à la raison ; cela tombe sous le sens. Le pacte avec le diable est, de même, absolument annulé par la seule volonté de la créature humaine, à qui Dieu a donné le libre arbitre pendant tout le temps que dure cette épreuve : la vie ; et cette liberté de la décision, à n’importe quelle minute, à n’importe quelle seconde de l’existence, est un bien inestimable que toutes les puissances de l’enfer conjurées contre un homme ne peuvent lui ravir.

Mais cela n’empêche pas que l’obsédé, s’il succombe lorsque le démon lui propose un pacte, court les plus grands dangers de damnation ; il entre dans une voie fatale où, plus il marchera, plus il sera environné de ténèbres ; sa conscience subira un obscurcissement toujours progressif ; Satan le pénétrera, chaque jour davantage, de la haine de Dieu ; et cet homme, qui aura eu la lumière à son point de départ, mais qui sera devenu aveugle volontairement et graduellement, qui aura assumé tous les risques de mourir dans l’impénitence finale, mourra très probablement ainsi, par sa faute, victime de lui-même, nullement tué par l’archange déchu, et pourtant lui appartenant à jamais, puisqu’il n’aura pas su ni voulu se reprendre. Quand il se réveillera dans les flammes éternelles, dans le royaume des souffrances atroces et sans fin, son réveil sera terrible ; mais alors il sera trop tard.

En effet, celui qui méprise les enseignements de l’Église commet par ce seul fait un crime contre lui-même, et en outre il oublie que la vie est bien fragile et que nul ne peut dire d’une façon certaine de quel genre de mort il périra. Une émotion ne suffit-elle pas souvent à tuer sur le coup l’homme le plus robuste ? Prenons, par exemple, le fait du palladiste Georges Shekleton, dont il est question, à l’avant-propos de cet ouvrage, dans le récit de Carbuccia. Le lecteur aura remarqué, sans doute, que je me suis borné à reproduire ce récit ; je n’ai nullement essayé de discuter là-dessus. Je crois Carbuccia sincère ; sur tous les points essentiels, j’ai constaté, du reste, la parfaite exactitude de ce qu’il m’a dit. Eh bien, dans