Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/756

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ennemis de l’Église, et qui arrache les masques sans pitié, on ne trouve à opposer que les négations intéressées de ces mêmes ennemis de l’Église, la réfutation est sans valeur pour les vrais catholiques ; elle n’est même plus une réfutation, elle constitue une attaque injurieuse et illégitime contre l’homme qui s’est dévoué. Bien plus, elle se retourne immédiatement contre le douteur qui s’abaisse à ramasser de pareilles armes dans la boue de l’impiété sectaire et qui s’en sert pour combattre le chrétien, par le seul motif que celui-ci a le malheur de n’être pas sympathique à l’autre.

Enfin, les catholiques ne doivent jamais perdre de vue que les francs-maçons ont toujours nié, même l’évidence, et qu’ils nient aujourd’hui la pratique de l’occultisme luciférien dans leur secte, au même titre qu’ils niaient, il n’y a pas longtemps encore, leur rôle politique clandestin, comme ils ont toujours nié leurs assassinats les plus avérés, niant quand même, cyniquement, lorsque le sang de leurs victimes crie contre eux.


Pour moi, lorsqu’un récit m’est fait de bonne foi et que celui qui m’écrit ou me parle jouit de son bon sens, je l’accepte de prime abord, sans autre réserve que l’examen du cas au point de vue de l’enseignement de l’Église ; et si un théologien me dit : « Ce fait est inadmissible, pour telle ou telle raison », alors je considère que mon narrateur, tout en étant de bonne foi, s’est trompé. Mais mon premier mouvement est toujours de croire à la sincérité de quiconque combat avec énergie le diable, père du mensonge. Celui donc qui attaque le diable, c’est-à-dire le mensonge, est à mes yeux logiquement un homme loyal ; il peut commettre une erreur, avoir mal interprété tel ou tel détail, sans que cela infirme en rien sa loyauté ; s’il se trompe par malheur, du moins ne cherche-t-il pas à me tromper, et le jugement infaillible de Rome est là pour rectifier lorsqu’il s’agit de faits graves sujets à réserve et affirmés par un honnête homme.

On me dira que je suis trop crédule, que je suis naïf de croire à l’aventure du capitaine Jean Jouin, à moi racontée par un brave matelot, excellent chrétien, me répétant une histoire traditionnelle dans la marine et qui n’a jamais été démentie ; il y a même des gens, je le sais, qui diront que je suis de mauvaise foi en l’introduisant dans mon ouvrage. Je laisse les arguments de cette espèce à ceux qui, ayant l’habitude de mentir, sont tout de suite portés à voir partout des menteurs.

Ne voyant, moi, rien d’invraisemblable dans l’épisode du Saint-Marcan remorqué par le diable, je le maintiens dans les cas d’obsession suivie de pacte, sauf à me soumettre humblement à l’avis de l’Église, si dans cette histoire elle ne voyait qu’une légende à laisser de côté.