Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/801

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« Ses disciples ont appris de lui les procédés de la magie et des incantations. Ils savent troubler l’esprit de ceux qu’ils veulent séduire, en les livrant aux démons des songes, ainsi qu’ils les nomment, et en faisant apparaître une autre sorte d’esprits qu’ils appellent démons familiers. » (Ibid.)

« L’auteur des Philosophumena nous apporte sur ce point les révélations les plus curieuses, écrit l’abbé Darras. On comprendra sans nul doute l’importance qui s’attache à un sujet actualisé chez nous par l’invasion du spiritisme dans nos vieilles sociétés.

« Le Mage, dit cet auteur, faisait écrire sur une feuille de parchemin la demande qu’on voulait adresser au démon. La feuille, pliée en quatre, était jetée dans un brasier ardent, pour que la fumée allât révéler au démon ce qu’on lui demandait. L’encens était jeté à pleines mains sur les charbons ; le Mage y ajoutait, sur des morceaux de papyrus, les noms, écrits en caractères hébraïques, des démons auxquels il s’adressait, et la flamme dévorait le tout. Bientôt, l’esprit semblait envahir le Mage, qui poussait des cris inintelligibles, invoquant les esprits supérieurs. Un sacrifiée commençait, où tous les assistants apportaient leur oblation, et le Mage répondait à la question posée.

« Des apparitions fantastiques surgissaient parfois au milieu du brasier ardent.

« À l’approche de l’autre magique, on voyait les brebis amenées pour l’immolation se précipiter d’elles-mêmes sous le couteau du sacrificateur et se donner la mort.

« Le feu paraissait descendre du ciel sur les objets que le Mage avait désignés. À sa voix, le bruit de la foudre se faisait entendre.

« Dans un bassin rempli d’eau, il évoquait les fantômes des dieux païens, et le spectateur saisi d’effroi distinguait clairement l’image enflammée d’Hercule ou celle de Diane, chassant avec sa meute dans les forêts sacrées.

« Souvent le Mage se faisait remettre, soigneusement cachetées, les demandes qu’on voulait adresser aux dieux. Il y répondait et remettait la lettre sans que l’empreinte eût été violée.

« D’autre fois, la divinité évoquée traversait l’appartement, traçant des orbes de feu dans son vol.

« Le disque de la lune apparaissait soudain, au milieu d’un appartement clos, et dans une nuit obscure.

« La terre tremblait sous les pieds des assistants ; et un crâne humain, posé sur le sol, rendait des oracles, d’une voix qui semblait venir des enfers. »