Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/800

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« Quoi qu’il en soit, Simon conçut de prime abord l’influence qu’allait exercer la prédication évangélique sur le monde ; il se flatta de pouvoir la confisquer à son profit, et de la présenter, en la dénaturant, comme le couronnement de son œuvre. L’audace de sa pensée aura lieu de nous surprendre, quand nous l’analyserons en détail, et que nous la verrons précéder, à la distance de tant de siècles, les témérités de la philosophie transcendante de Schelling et de Hegel. Le mage de Gitta était loin de la pénitence et du repentir que lui prêchait saint Pierre. Après le départ des apôtres, il concentra toutes les facultés de son intelligence dans le champ nouveau pour lui de la révélation chrétienne. À mesure que les textes de l’Évangile et les Évangiles des Apôtres furent publiés, Simon s’en empara pour les adapter à sa Gnose. Les Philosophumena nous fourniront ainsi une nouvelle preuve de l’authenticité des Évangiles et de l’intégrité de leur publication sous leur forme actuelle, dans le cours du premier siècle. » (V, p. 360.)

Ces révélations du manuscrit des Philosophumena sont trop instructives pour que j’hésite un seul instant à les mettre sous les yeux des lecteurs, telles qu’on les trouve dans l’abbé Barras, reproduites au surplus par Mgr Fava. (Jésus-Christ roi éternel, tome II, livre 3, chapitre 2.)

« La rencontre des apôtres à Samarie fut donc pour Simon le point de départ d’une nouvelle évolution théosophique. Jusque-là, exploitant l’attente universelle d’un Messie qui tenait toute la Palestine en suspens, il se proclamait « la grande puissance de Dieu ». En lui s’incarnait le Rédempteur d’Israël, promis par les prophètes. Le schisme samaritain trouvait une satisfaction nationale à voir surgir de son sein le Désiré des nations. Mais il fallait soutenir ces hautes prétentions par des opérations extraordinaires, et tenir en éveil la curiosité publique. Ce fut à la pratique des sciences occultes et aux traditions mystérieuses du spiritisme ancien, renouvelées de nos jours avec des procédés analogues, que Simon demanda cet élément de succès. Le texte sacré est formel sur ce point : « Il avait séduit les Samaritains par les prestiges de son art magique », dit saint Luc. » (Mgr Fava, tome II, page 46.)

Les Philosophumena nous apportent le commentaire le plus explicite de cette parole du texte sacré.

« Simon, disent-ils, était profondément versé dans la connaissance des arts magiques et dans les formules de Thrasymède, que nous avons précédemment exposées. Ces secrets l’aidèrent à tromper les multitudes. Il recourut ainsi aux interventions démoniaques, et les résultats qu’il obtint de la sorte aidèrent puissamment, dans ses tentatives d’apothéose personnelle, cet imposteur orgueilleux et pervers. » (Philosophumena, livre VI, § 7 ; ouvrage attribué à saint Hippolyte.)