Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/807

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que les auteurs païens eux-mêmes l’attestent, ils ne réussirent à délivrer entièrement de cette peste la capitale, où il ne se pouvait qu’ils ne trouvassent de puissants protecteurs. Lors donc que de ce nombre furent les empereurs eux-mêmes, il est facile de concevoir avec quelle ardeur ces imposteurs y vinrent en foule de toutes les parties de l’univers. Tiridate, forcé vers ce temps, par Corbulon, d’aller à Rome pour recevoir de la main de César la couronne d’Arménie, y vint avec un grand nombre de mages, soit qu’il fût un de leurs initiés, soit peut-être encore pour faire plaisir à l’empereur, auquel il communiqua tous les mystères de la secte.

Simon le Mage ne pouvait laisser échapper une si belle occasion de faire admirer ses prestiges à Rome sous un pareil prince. « Son principal but, écrit l’abbé Rohrbacher, était de discréditer les miracles des apôtres, de s’opposer aux progrès de la religion chrétienne, de ramener à lui les regards et l’admiration des peuples, de décrier la doctrine de Jésus-Christ et de ses disciples, et de se faire regarder lui-même comme quelque chose d’au-dessus de l’homme, comme une vertu divine descendue du ciel pour délivrer les hommes de la corruption et les conduire à l’immortalité de la gloire. Plein de ces idées, l’imposteur se vanta un jour de voler en présence de l’empereur et du peuple. Et, comme il tenait saint Pierre pour son capital ennemi, afin de le couvrir de confusion, il voulut qu’on le conduisit par force, pour qu’il fût présent lui-même à ce curieux spectacle et qu’il vît de ses propres yeux la gloire de ce Simon qu’il décriait tant. (Histoire universelle de l’Église Catholique, livre XXV.)

Ce combat public entre saint Pierre et le Mage de Gitta est rapporté trés explicitement dans les Constitutions apostoliques, citées par l’abbé Barras et par Mgr Fava. Le récit fut fait par saint Pierre lui-même à l’auteur, dans une conversation que celui-ci a recueillie et dont l’authenticité n’a jamais été contestée par les écrivains catholiques.

Voici en quels termes s’exprime le chef des apôtres :

« J’avais rencontré Simon à Césarée, et, dans une conférence publique, je l’avais forcé à s’avouer vaincu ; il quitta l’orient et partit pour l’Italie. À son arrivée à Rome, il recommença sa lutte contre l’Église, ébranla la foi d’un grand nombre de nos frères, et séduisit les païens par son art magique.

« Un jour, il convoque pour midi la foule dans l’amphithéâtre, et m’y fit entraîner moi-même, promettant de s’envoler dans les airs.

« Tous les regards étaient fixés sur lui. Moi, je priais dans le secret de mon cœur. Déjà, soutenu par les démons, il s’élevait dans les airs.

« — Je monte au ciel, disait-il, et je ferai pleuvoir sur vous les bénédictions ! »