Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/831

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— J’ai cru avoir des maîtres qui enseignaient la vérité et non pas l’erreur, vu l’assurance avec laquelle vous me proposiez cette doctrine, que vous nommiez « salutaire », soutenant que vous n’y renonceriez jamais par la crainte des tourments ni de la mort même, et je vois maintenant que vous n’osez l’avouer, et que vous ne vous mettez pas en peine du péril où vous me laissez. Il faut obéir au roi et aux évêques, afin que je sache ce que je dois rejeter. Vous m’avez enseigné que, par le baptême, on ne pouvait obtenir la rémission des péchés ; que Jésus-Christ n’était point né de la Vierge, n’avait ni souffert pour les hommes, ni été enseveli, ni ressuscité, et que le pain et le vin, qui, étant mis sur l’autel par les mains des prêtres, deviennent le sacrement par l’opération du Saint-Esprit, ne pouvaient être changés au corps et au sang de Jésus-Christ.

Après qu’Arefaste eut ainsi parlé, Guérin, évêque de Beauvais, s’adressa à Etienne et à Lisoie, comme aux docteurs des autres, et leur demanda si c’était là leur croyance.

Ils déclarèrent hardiment qu’ils croyaient ainsi et depuis longtemps, « et nous nous attendons, ajoutèrent-ils, à ce que vous et tous les autres embrassiez cette doctrine, qui est la pure vérité. »

L’évêque leur dit :

— Jésus-Christ a voulu naître de la Vierge, parce qu’il l’a pu, et il a voulu souffrir en son humanité pour notre salut, afin de ressusciter par la vertu de sa divinité et nous montrer que nous ressusciterons aussi.

Ils répondirent :

— Nous n’y étions pas présents, et nous ne pouvons croire que cela soit vrai.

L’évêque de Beauvais leur dit :

— Croyez-vous avoir eu un père et une mère ?

Ils en convinrent, et il reprit :

— Si vous croyez être nés de vos parents, lorsque vous n’étiez pas, pourquoi ne voulez-vous pas croire que le Dieu engendré de Dieu, sans mère, avant tous les siècles, soit né d’une Vierge, à la fin des temps, par l’opération du Saint-Esprit ?

Ils répondirent :

— Ce qui répugne à la nature ne s’accorde point avec la création.

L’évêque reprit :

— Avant que rien se fît par nature, ne croyez-vous pas que Dieu le Père a fait tout de rien par son Fils ?

Ils répondirent :

— Vous pouvez dire ces contes à ceux qui ont des pensées terrestres et qui croient les inventions des hommes charnels, écrites sur la peau des animaux. Pour nous, qui avons une loi écrite par le Saint-Esprit dans