Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/835

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juste châtiment par le supplice, si bien fait pour donner à réfléchir aux autres coupables non découverts et empêcher en tout cas la gangrène hérétique de s’étendre, et en demeurant exclusivement sur le terrain de la répression morale, je me demande quels sont ceux de nos évêques qui, si un nouvel Arefaste leur dénonçait un Étienne ou un Lisoie, traduiraient ces misérables devant un tribunal ecclésiastique, en présence des fidèles, comme il fut fait en la cathédrale d’Orléans, et qui, solennellement, pour donner un grand et nécessaire exemple, dégraderaient les indignes, après qu’Arefaste, témoignant en public, les aurait contraints à avouer leur affiliation à une secte criminelle. Oui, l’on trouverait, je le pense, quelques-uns de nos évêques, ceux qui sont au premier rang dans le combat chrétien contre la franc-maçonnerie, ceux qui ne ménagent pas leurs coups à cette société secrète et monstrueusement perverse, et dont les imbéciles, les aveugles et les complices cachés du Palladisme disent qu’ils vont trop loin ; leurs noms vénérés sont au bout de ma plume ; et ils sont aussi sur les lèvres de tous mes lecteurs ; oui, il est quelques-uns de ces prélats, qui, ne répudiant pas le moyen-âge tant calomnié, n’hésiteraient pas, si le cas se présentait dans leur diocèse, à exécuter, du moins moralement, les Judas devant le peuple catholique indigné. Mais combien sont-ils ?… Hélas ! ils sont la minorité, la faible minorité ; et, précisément parce qu’on leur sait une main de fer, ils n’ont pas à craindre de défection dans leur clergé ; les Sophia et autres sirènes lucifériennes savent qu’elles n’ont rien à faire dans leurs diocèses, où la sainte phalange sacerdotale est admirablement préservée.

Comment donc aurait agi Arefaste, s’il avait vécu au dix-neuvième siècle ?… Il me semble, ou je me trompe fort, qu’il aurait agi comme je fais. Il aurait écrit un livre, non seulement pour ses contemporains, dans le but de leur faire toucher du doigt le mal présent, mais aussi pour la postérité, afin que, si ses avis étaient méprisés, si le peuple persistait à fermer les yeux, même lorsqu’on lui cite des noms et des faits, du moins nos petits-enfants, nos arrière-neveux pussent dire, au moment où tous les suppôts de Satan, arrivés à leurs fins, sortiront de leurs antres ténébreux pour établir leur culte infernal au grand jour, pour placer l’idole de Lucifer sur l’autel de Notre-Dame :

— Les catholiques du dix-neuvième siècle avaient été prévenus, et ils ont accusé d’imposture le dénonciateur ; ils ont écouté les coupables intéressés à nier, et ils ont stupidement couvert de leurs clameurs la voix révélatrice. Ils sont la cause de tout ce qui arrive aujourd’hui ; ils ont préparé, sans le vouloir sans doute, mais avec un aveuglement funeste, l’avènement de l’Ante-Christ.

Quelques-uns diront peut-être qu’Arefaste, s’il avait vécu de nos