Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/836

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jours, n’aurait eu qu’une chose à faire : dénoncer secrètement la situation au Pape.

Il est possible que cette objection soit dans la pensée de gens pointilleux à l’extrême ; mais elle ne tient pas debout.

Arefaste, aujourd’hui, n’apprendrait rien au Souverain Pontife qu’il ne sache depuis longtemps. Et, puisque je suis amené à mettre en parallèle l’enquête que fit Arefaste au dixième siècle et la mienne, le lecteur me permettra d’insister sur ce point : c’est que, lorsque N. T. S. P. Léon XIII a écrit son admirable encyclique Humanum Genus, il connaissait évidemment des faits sur lesquels il s’est basé pour affirmer au monde entier comme il l’a fait de la façon la plus expresse, la plus formelle, que : 1° la franc-maçonnerie n’est pas autre chose, au fond, tout au moins dans les hauts grades, que la religion occulte de Satan ; 2° les francs-maçons ne se bornent pas à corrompre les hommes dans leurs réunions secrètes, mais ils pervertissent aussi les femmes qu’ils parviennent à attirer chez eux ; 3° ces sectaires, pour arriver à la destruction de la société moderne et établir leur domination sur ses ruines, ne reculent pas devant le crime et pratiquent le meurtre avec une telle dextérité que la plupart du temps leurs assassins, vrais esclaves des chefs, échappent à la justice.

Personne ne supposera une seconde que, pour porter contre la franc-maçonnerie des accusations aussi graves, Léon XIII n’était pas parfaitement renseigné, qu’il parlait à la légère sur de simples présomptions.

Non ! le vicaire du Christ savait mieux que personne à quoi s’en tenir ; il connaissait des faits, des faits probants, dépassant peut-être, en horreur, tout ce que j’ai vu, tout ce dont j’apporte le témoignage sincère et loyal.

Or, les trois ordres de faits que les francs-maçons nient avec la dernière opiniâtreté (culte de Satan, existence des sœurs maçonnes, mise en œuvre des ultionnistes) sont établis par le récit de mes investigations. La parole de Léon XIII suffisait amplement pour les catholiques ; mais notre fin de siècle est dans une telle décadence, au point de vue de la morale et de la foi, qu’il y a, même chez les catholiques, des esprits indifférents qui ne prêtent pas l’oreille à la parole du Pape.

Ce sont ces mous dont j’essaie de secouer la torpeur, et j’écris ma publication sous une forme populaire précisément pour la faire pénétrer dans les masses, où il y a des millions et des millions d’aveugles.

Le grand Léon XIII n’a cessé d’avertir la chrétienté sur le péril maçonnique. Combien ne l’écoutent plus, dès que ses enseignements gênent soit les apathies, soit les intérêts politiques ou privés ! On l’a vu, à l’occasion de ses récentes instructions relatives à l’acceptation des institu-