Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/839

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et que, somme toute, les faits produits ont été réellement surnaturels.

Nous avons une nouvelle période, abondante en cas de possession ; c’est celle qui comprend la seconde moitié du seizième siècle et presque tout le dix-septième, dont les dernières années seules apportent le témoignage d’une accalmie. Je prends donc cette période ; mais, selon ma façon de procéder, je ne suivrai pas strictement l’ordre chronologique.

les possédées d’auxonne

En 1662, il y avait déjà près de dix ans que les possessions, comme une sorte d’épidémie, sévissaient chez les Ursulines d’un couvent d’Auxonne, près de Dijon.

Le garde des sceaux, informé de cet événement, chargea l’archevêque de Toulouse, les évêques de Rodez, de Rennes et de Châlon-sur-Saône, et cinq docteurs en médecine, d’examiner ces cas étranges et de donner leur avis.

Les possédées étaient au nombre de dix-huit, appartenant aux diverses classes de la société, de tous les âges, postulantes, novices ou professes.

L’évêque de Châlon, assisté d’un grand nombre d’ecclésiastiques et de médecins, procéda pendant quatorze jours aux exorcismes.

Voici quelques détails, tirés en substance du rapport de ce prélat, en date du 20 janvier 1662, contenant dix articles :

I. — Ces filles avaient le don de l’intelligence des langues et répondaient parfaitement au latin des exorcistes.

II. — Presque toutes lisaient la pensée et obéissaient exactement à l’ordre mental qui leur était donné par les exorcistes.

III. — Elles prédisaient les événements futurs et connaissaient les choses les plus intimes, surtout ce qui concernait les maléfices cachés dans les corps des autres filles, et celles-ci les rendaient à l’heure marquée. Elles annoncèrent aux prélats et aux ecclésiastiques des particularités fort secrètes les concernant.

IV. — Elles avaient, dans leurs affreuses agitations, une grande aversion pour les choses saintes. Avant la communion, elles criaient, hurlaient effroyablement, se roulaient par terre. La sainte hostie étant sur la pointe de la langue, elles l’avançaient et la retiraient horriblement, au commandement de l’exorciste. À l’approche des reliques, elles entraient aussi dans des fureurs épouvantables.

V. — Le démon, forcé de donner des signes surnaturels, arrêtait le pouls au bras droit ou au bras gauche alternativement, au gré de l’exorciste. — Au commandement de l’exorciste, le cou de sœur Jamin enflait d’une manière monstrueuse ou désenflait. Sœur Lazare Arivey tenait dans la main un charbon ardent, sans se brûler.