Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/847

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avec le démon, ouvrage très catholique, a donné à Collin de Plancy, en le citant, une leçon bien méritée, en ces termes : « On se demande, dit-il, comment M. Collin de Plancy, qui, dans sa troisième édition, déteste ses anciennes erreurs et se déclare en tout fils soumis de l’Église, peut douter de cette possession. »

élisabeth de ramphain

Veuve du sieur du Bois, capitaine et receveur d’Arche, Élisabeth de Ramphain se préparait à entrer au couvent de l’Annonciade, à Nancy, quand elle éprouva les atteintes d’un mal contre lequel tous les remèdes furent impuissants.

Le 2 septembre 1619, on commença de l’exorciser ; mais ce fut d’abord sans succès.

Le sieur Juillet, chanoine de Nancy, très versé dans la connaissance des maladies surnaturelles, « lui fit vomir, dit le rapport officiel, tout ce qui sert d’enveloppe aux maléfices » ; néanmoins, elle n’était pas guérie.

Le père Albert, gardien des capucins de Toul, assisté de plusieurs autres prêtres, dut continuer de l’exorciser, et força d’abord le démon à décliner son nom. Il était seul ; c’était un diable nommé Persin.

Plusieurs médecins distingués, de la ville de Nancy, assistèrent aux exorcismes et opinèrent pour la possession.

L’évêque de Toul lui-même nomma de nouveaux exorcistes. On exorcisa en latin, en grec et même en hébreu, en présence du duc Éric de Lorraine, de Charles de Lorraine, évêque de Verdun, de plusieurs théologiens et docteurs en Sorbonne.

Le médecin ordinaire de Leurs Altesses de Lorraine, le docteur Pichard, rédigea lui-même le rapport des faits qui se manifestèrent au cours des exorcismes, depuis le 10 novembre 1620 jusqu’au commencement de mars 1621.

Pichard ayant appliqué des reliques sur l’abdomen de la possédée, on entendit un bruit semblable à celui que fait le poisson jeté dans de l’huile bouillante.

« Cette dame, qui savait à peine lire le latin de son livre d’heures, dit-il, répondait en latin, en grec et en hébreu, en italien, en allemand et en anglais, avec des périphrases et des métaphores très difficiles à comprendre même pour les savants. » L’exorciste s’étant trompé, un jour, en employant un génitif pour un accusatif, le démon le lui fit observer.

« Cette dame, dit toujours Pichard, discutait sur les plus hauts mystères, savait les choses les plus secrètes. Par la souplesse, elle égalait les funambules les plus habiles, parfois pendant vingt-quatre heures de