Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/891

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fer, et puis elle étant retournée en sa raison par le commandement de l’exorciste, Monsieur lui parla, et lui toucha le bras qu’il trouva frais et le pouls fort égal… »

Monsieur, après avoir été témoin de ce qui se passa aux exorcismes du mercredi soir et du jeudi, afin de témoigner toute la satisfaction qu’il en avait reçue, donna l’attestation suivante :

« Nous, Gaston, fils de France, frère unique du roi, duc d’Orléans, certifions qu’ayant pendant ces deux jours assisté aux exorcismes qui se sont faits, ès églises des Ursulines et de Sainte-Croix en cette ville de Loudun, sur les personnes de sœurs Jeanne des Anges, Anne de Saint-Agnès, Claire de Sazilly, religieuses Ursulines, et d’Élisabeth Blanchard, fille séculière. Nous avons vu et remarqué plusieurs actions et mouvements de tout étranges et surpassant les forces naturelles, et nommément en la communion de ladite Élisabeth Blanchard ; avons vu la Sainte Hostie demeurant sur les lèvres toutes sèches, et arrêtée contre, une dent aussi toute sèche, nonobstant un souffle véhément qui sortait de sa bouche, laquelle Hostie ayant été avalée par ladite Blanchard, au commandement du père exorciste, ladite Hostie a été ramenée du fond de l’estomac, et mise sur la langue de ladite Blanchard, après lui avoir fait boire de l’eau, et visiter s’il n’y avait rien dans la bouche. Ce qui est arrivé par trois diverses fois au commandement que ledit frère faisait au démon nommé Astaroth ; ce que Nous avons estimé être en tout surnaturel ; et ayant encore désiré avoir un signe parfait de la véritable possession de ces filles, avons concerté secrètement et à voix basse avec le père Tranquille, capucin, de commander au démon Zabulon, qui possédait actuellement la sœur Claire, qu’il allait baiser la main droite du père Élisée son exorciste, ledit démon y a ponctuellement obéi selon notre désir. Ce qui Nous fait croire certainement que ce que les religieux travaillant aux exorcistes desdites filles nous avaient dit de leur possession était véritable, n’y ayant point d’apparence que tels mouvements et connaissance des choses secrètes pût être attribué aux forces humaines. De quoi voulant rendre témoignage au public, Avons octroyé cette présente attestation que Nous avons signée de notre main, et fait contresigner par le secrétaire de nos commandements, maison et finances.

« À Loudun, le onzième jour de mai, 1635.

« Signé : « Gaston », et plus bas : « Goulas. ».

Le procès-verbal que nous venons d’analyser était attesté véridique par les signatures suivantes :

« De ce que dessus font foi tous les exorcistes sous-signés et les procès-verbaux du sieur Nobay, secrétaire de M. de Laubardemont, et commis par son ordre pour assister aux exorcismes.