Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/919

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que possible, afin qu’il voie bien ici, encore maintenant, comme il l’a vu pour l’hystérie, la différence qu’il y a entre des maladies nettement connues et classées et cet état spécial qu’on appelle la possession. Avec l’hystérie, il a vu une altération fonctionnelle, purement nerveuse, sans lésions ; avec la méningite, une maladie de la substance, avec lésions, et fatalement mortelle. Encore une fois, je le demande, en quoi tout cela ressemble-t-il à la possession et peut-il être confondu avec elle ?… Et j’ai encore plus à dessein choisi la méningite tuberculeuse comme point de comparaison, parce qu’elle va m’amener plus directement à la possession.


Il est malheureusement du domaine de la pratique médicale, de se tromper constamment. Si la médecine est par elle-même une science absolue, mathématique même, en quelque sorte, qui cherche à trouver des lois, il n’en est pas de même de la pratique de la médecine. Le bon médecin de quartier, de campagne ou de ville, le praticien ordinaire, a fait, en général, de rapides études, dans le seul but d’obtenir le plus promptement possible son diplôme, lui permettant de s’établir et d’exercer ; c’est-à-dire que son unique objectif n’est pas de s’ouvrir de vastes horizons pour de nouvelles et plus profondes études, mais tout prosaïquement de se créer, disons le mot, une clientèle dont les maladies le feront vivre. Je m’empresse d’ajouter : honorablement, pour ne heurter personne ; mais, avouez-le, chers confrères, Molière n’avait pas tout à fait tort quand il critiquait, avec sa joyeuse ironie et son fin esprit français, les praticiens. En effet, le praticien n’est pas le vrai médecin ; son défaut capital est de ne presque jamais savoir poser un diagnostic ; cela est triste à dire, mais cela est.

Sur cent praticiens, il n’y en a pas trois, — vous entendez bien, trois, pas quatre, — capables de dire exactement ce qu’a le malade qu’ils soignent. J’ai, à cet égard, des faits surprenants et déroutants ; mais ce n’est pas ici le lieu de les exposer complètement.

Il me faut pourtant en dire quelques mots, ne fût-ce que pour montrer ce qu’est en réalité cette science qui se croit si forte, qui est si orgueilleuse en face de l’Église, et qu’un mot cependant pourrait faire rentrer dans le néant, auquel elle a tant de droits dès qu’elle se pose comme soutien de l’irréligion, du matérialisme, de l’impiété.

Je prendrai un exemple dans une grande ville française, à l’École de médecine de laquelle j’ai fait mes études, et je citerai le cas d’une des célébrités médicales de cette ville, médecin des hôpitaux, professeur à l’École de médecine en question, lequel soignait, depuis un an environ, le frère d’un de mes amis, phthisique. La famille, sentant le jeune homme