Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/943

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de faire allusion. Il n’est donc pas utile de multiplier les preuves de possessions contemporaines en me basant sur les informations émanant des vénérables ecclésiastiques, mes correspondants ; il serait mauvais même, fût-ce pour mieux confondre la sottise orgueilleuse des incrédules et des superficiels, de troubler la quiétude des pieux asiles où les pauvres possédés passifs sont, en notre siècle de bouleversement, obligés de se réfugier, pour trouver le calme et la délivrance.

Mais, puisque l’affaire de la possession de Gif est devenue publique et a, du reste, pris fin, en fournissant une nouvelle preuve de la réelle puissance spirituelle de l’Église contre les hordes infernales, il est bon de la mentionner dans cet ouvrage ; elle y a sa place tout indiquée.

Gif est une petite commune du département de Seine-et-Oise, diocèse et arrondissement de Versailles, canton de Palaiseau. C’est dans cette localité que la sœur maçonne Juliette Lamber (Mme  Edmond Adam) a son château, qui, rappelons-le en passant, est construit sur l’emplacement d’une ancienne abbaye et en porte même le nom. Ce couvent, dont des ruines importantes et pittoresques subsistent, — et l’on sait que les adeptes de la maçonnerie recherchent, pour s’y installer de préférence, les vieux monastères abandonnés ou désaffectés, — n’est autre que la célèbre Abbaye royale des Bénédictines, qui, après la destruction de Port-Royal-des-Champs, en continua les traditions ; les principales familles nobles de France y eurent des abbesses. Le curé de Gif, M. l’abbé Périer, est un saint prêtre, d’une haute intelligence et d’une grande vertu, âgé d’une cinquantaine d’années environ, en pleine possession de toutes ses facultés. Les journaux, même hostiles à la religion, qui ont parlé de cette affaire, ont reconnu qu’il jouit, dans la commune, de l’estime générale, qu’il n’y a pas un seul ennemi, et que, par sa bonté, sa charité, sa tolérance éclairée, il a su se bien faire voir de tous les habitants, paysans, ouvriers, commerçants, petits rentiers, même de ceux qui ne mettent jamais les pieds à l’église.

C’est un journal, dans la rédaction duquel Mme  Edmond Adam compte de nombreux amis, qui, dans la seconde quinzaine de juillet 1893, a, le premier, appelé l’attention publique sur les faits de Gif. Ce qui se passait dans cette commune était traité avec raillerie, à la façon boulevardière ; on jetait la dérision sur le curé, sur les exorcistes, et l’on mettait, en quelque sorte, Mgr l’Évêque de Versailles en demeure de désavouer ses prêtres. Le journaliste ignorait que des exorcismes ne peuvent avoir lieu sans l’autorisation épiscopale. Bref, on critiquait d’une manière moqueuse et sur le ton de la rengaine connue, la « tarte à la crème » de tous les soi-disant esprits-forts : « Les diableries ont pu passer pendant le moyen âge ; mais aujourd’hui, en notre époque de progrès et de lu-