Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/951

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Les exemples de Wemding et de Gif nous ont montré, à une époque récente, des possédés passifs (enfant et adulte). Déjà, avec eux, nous sommes loin de l’hystérie ; que sera-ce donc si nous pouvons étudier de près les possédés actifs, c’est-à-dire les magiciens, les sorciers, qui se livrent corps et âme au diable, eux-mêmes, de gaîté de cœur, par fanatisme, par un maudit enthousiasme, et dont la possession, tenue secrète dans les sociétés d’occultisme, n’est combattue par aucun prêtre de l’Église catholique ?… Car, il ne faut pas l’oublier, les possédés se divisent en deux catégories bien distinctes, que l’on peut appeler encore : les quoique et les parce que.

Mais l’observation de ces derniers n’est pas commode ; il faut, pour les voir à l’œuvre, pénétrer au sein des autres du satanisme. Dans les prestiges de Cagliostro, à la fin du siècle dernier, il y avait souvent de la supercherie ; toutefois, les écrivains les plus sérieux qui se sont occupés de ces questions s’accordent à reconnaître que le fondateur du Rite maçonnique Égyptien, condamné d’ailleurs comme sorcier par le tribunal de la Sainte-Inquisition de Rome, exécutait bien des fois, dans les arrière-loges, des actes appartenant vraiment au domaine surnaturel et sans aucun artifice.

Il en a été ainsi de tout temps, il en est de même encore aujourd’hui. Si les possédés actifs se cachent avec plus de soin que dans la période préliminaire de la Révolution, c’est bon signe pour nous ; cela prouve que le moment est encore éloigné du nouvel et terrible assaut préparé par Satan.

Les magiciens modernes, les imitateurs de Simon de Gitta, d’Apollonius de Tyane, d’Urbain Grandier, de Cagliostro, existent bel et bien ; plusieurs sont des gens jouissant d’une certaine notoriété, ne passant certes pas pour tels aux yeux du public ; ils ne se révèlent qu’aux initiés palladistes, old-fellows de la seconde classe, chevaliers du Graal et autres lucifériens plus ou moins déguisés. J’ai réservé, pour en faire connaître un certain nombre, les neuvième et onzième parties de cet ouvrage, qui seront consacrées, l’une à la Goétie ou magie noire, l’autre à la Théurgie ou magie blanche ; je dirai tout au long leurs œuvres, leurs maléfices, en les nommant ; il en est de très connus en France.

Pour l’instant, je ne signalerai qu’un cas, et ici il s’agira plutôt du fait que de la personne, laquelle n’a aucune importance, du reste, pour le lecteur. Ce que je veux avant tout, en terminant ce chapitre, c’est établir un parallèle bien clair, faisant toucher du doigt au lecteur l’absolue différence qui existe entre l’hystérie et la possession ; c’est prendre, d’un côté, un cas d’hystérie nette et avérée, étudié à la Salpêtrière, et, de l’autre, en dehors des cas de possession exorcisés par l’Église, une dé-