Page:Taxil, Hacks, Le Diable au XIXe siècle, Delhomme et Briguet, 1894.djvu/963

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térique ou le fou qui, dans un accès, met fin à ses jours, n’est pas responsable ; il n’y a pas crime devant Dieu. Mais cette nouvelle différence entre lui et le possédé n’en est pas moins une des caractéristiques capitales de l’opposition absolue, indéniable aux yeux de tout homme de bonne foi, entre l’hystérie, maladie, état humain, et la possession, non-maladie, état non-humain.

En un mot, si ni Dieu ni le diable n’existaient, comme l’affirment les pseudo-savants matérialistes, si l’Église était ignorante et un foyer d’erreur, ainsi qu’ils ont l’audace de le déclarer à leurs aveugles disciples, si enfin la possession était vraiment de l’hystérie, les possédés se suicideraient, on en pourrait citer au moins quelques cas, comme il arrive aux hystériques de se suicider.


Je m’arrête ; il ne saurait plus y avoir de doute dans l’esprit du lecteur impartial. Hystérie et possession sont deux états absolument opposés ; tout le démontre, tout le prouve, tout l’atteste.

Quant au surnaturel diabolique, son existence elle-même, la possibilité de ses manifestations, appartiennent à l’ordre des dogmes. On a le droit de ne pas croire à tel ou tel fait, tant que le Pontife infaillible de Rome ne s’est pas prononcé ; mais, une fois que l’auguste vieillard a parlé, il faut s’incliner, sous peine d’être un renégat du catholicisme.

Or, la grande voix du Vatican s’est élevée, il n’y a pas longtemps encore, pour rappeler aux oublieux que Satan n’a pas désarmé, et qu’il emploie, pour séduire et terrifier l’humanité, les prodiges les plus surprenants, comme aux premiers siècles de l’ère chrétienne. Le 16 avril 1893, Léon XIII proclamait Bienheureux le vénérable Antoiue Baldinucci, missionnaire, membre de la Compagnie de Jésus ; et, en procédant à cette béatification, le Saint-Père s’appuyait précisément sur de nombreux miracles que le zélé serviteur de Dieu avait accomplis en luttant contre les prestiges du démon.

Je conseille aux catholiques qui ont perdu la foi au surnaturel de lire avec attention la vie du bienheureux Antoine Baldinucci ; ils y verront ce dont Satan est capable. Ils y verront le diable se servir de mille moyens surnaturels pour troubler et entraver la mission du saint jésuite ; grosses pierres tombant du ciel sur l’estrade où il prêchait ; aboiements de chiens, mugissements de taureaux, grognements d’animaux immondes, bruits impétueux de vents et d’ouragans, tout cela au milieu d’un sermon et sans que les animaux dont on entendait les clameurs fussent présents ; puis, des cloches sonnant toutes seules dans une église voisine ou cris effrayants poussés par des possédés ; bêtes hideuses paraissant tout à coup, ensuite, et exécutant toutes sortes de mouvements et de grimaces