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Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/122

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II


Un savant orientaliste, bien connu, vient à la rescousse. Selon lui, je suis en état d’hallucination depuis le 8 avril 1889 ; il le croit, et il l’imprime ! Catholique, celui-ci, j’en suis convaincue. Mais, sortis de leur science spéciale, que de savant sont peu de jugement ! Notre orientaliste s’est laissé insinuer jusqu’à l’opinion que ma conversion pourrait bien être une comédie organisée par les chefs de la haute-maçonnerie et dans laquelle je jouerais le rôle de bouc émissaire. Je l’excuse : cet homme n’est pas responsable.


III


Une feuille de chou maçonnique publie un article de Moïse Lid-Nazareth, dans lequel ma personnalité est confisquée. Je ne suis plus moi, je suis une autre ; et cette autre forme, avec onze autres personnes, six ecclésiastiques, dont trois princes de l’Église, et cinq laïcs, le haut comité des lucifériens satanisants. Le but de l’article est de rassurer les maçons imparfaits initiés, à qui la découverte d’un rite suprême secret fait pousser de hurlantes réclamations dans les Loges ; on leur affirme donc qu’il n’y a de palladisme que chez les cléricaux, et, pour dorer cette pilule aux FF∴ gogos, on ose baver sur un cardinal et deux évêques. C’est honteux, c’est bien digne de Moïse Lid-Nazareth ; mais laissons, car c’est aussi de la farce.


IV


Un évêque américain, qui voyage, passant en Angleterre, se fait interviewer. Il nie que le diable soit l’objet d’un culte dans le magnifique temple maçonnique de Charleston. Il dit qu’il est dans les meilleurs termes avec grand nombre de francs-maçons des États-Unis, qu’il connaît les principaux chefs et qu’il professe pour eux la plus vive estime. À Charleston, assure-t-il, il a été reçu dans le Masonic-Hall, dont les FF∴ haut-gradés lui ont fait les honneurs, et ses yeux, en ce vaste immeuble, en ce temple célèbre, n’ont pas vu de salle affectée au culte de Lucifer.

En tenant pareil langage, cet évêque n’a porté tort qu’à lui-même.

Le moindre pour lui sera que beaucoup penseront qu’il ne saurait se prétendre assez habile homme pour n’avoir pu se laisser tromper.

Mais voici plus grave : il oblige à rappeler l’étrange attitude de plusieurs évêques des États-Unis, qui, il y a peu de temps, firent tant de difficultés pour publier dans leur diocèse l’excommunication romaine portée contre les Odd-Fellows, les Chevaliers de Pythias et autres sociétés semblables, nées de la franc-maçonnerie ; il fallut que le nonce du Saint-Siège fît lui-même la publication.

Les relations amicales de certains membres du haut clergé américain avec les chefs de la secte, relations souvent intimes et non en vue de la conversion de ces excommuniés, ah ! elles sont, malheureusement, trop sues là-bas ; combien d’humbles bons prêtres en souffrent et en gémissent ! En France, tous s’indignent contre le successeur de Cauchon,