Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nommé sur la présentation des FF∴ Desmons et de Hérédia au F∴ Dumay. Aux États-Unis, on ne peut que déplorer ; les fatales mœurs du pays permettent ces accointances plus que suspectes ; tel évêque catholique fraye publiquement avec les pasteurs hérétiques, avec les évêques protestants, et tel autre n’avait pas de plus grand plaisir que de venir s’asseoir à la table d’Albert Pike.

C’est, pourtant, Albert Pike qui a écrit et signé ces lignes :


« La Papauté a réorganisé partout ses milices, ressuscité et reconstitué la Compagnie de Jésus, et, pour peu que le tempérament de l’humanité le tolère, elle ressuscitera le Saint-Office, avec sa puissance maudite et ses infâmes procédés.

« Partout où existe un gouvernement républicain, la Papauté trame des complots et ourdit des conspirations contre lui, mine et sape son autorité, et, toujours traitre et sans scrupules, encourage toutes les révoltes et fomente tous les troubles.

« La main de la Papauté est partout, vouée partout à des œuvres de trahison et de mystère. Elle ne fait pas une guerre ouverte à la Franc-Maçonnerie ; mais continuellement elle met en œuvre contre elle ses influences les plus hostiles, avec une activité que rien ne lasse.

« Rien n’égale au monde le pouvoir universel, si illimité, si absolu, du Pontife Romain. Absolument irresponsable, se plaçant au-dessus de toutes les lois humaines, ne connaissant aucun frein venant ni de l’homme, ni de la bonne foi, ni de la conscience, ni de la bonté, le Souverain Pontife Romain hait d’une haine profonde, toute vigilante, toute agissante, toute haineuse, la Franc-Maçonnerie.

« En présence de ce serpent à sonnettes spirituel, en présence de cet ennemi mortel, assassin et traître, l’Unité et le triomphe de la Franc-Maçonnerie s’imposent, et devant cette nécessité absolue toute autre considération, quelle qu’elle soit, disparaît immédiatement. » (Bulletin officiel du Suprême Conseil de Charleston, volume VIII, pages 174 et 175.)


Voilà des lignes qui ont été imprimées. Vous ne pouvez les effacer, Monseigneur, vous qui déclarez tenir en grande estime les principaux chefs de la haute-maçonnerie charlestonienne. Et vous ne pouvez être à la fois pour Albert Pike et pour le Pape.

Or, combien est faible la citation que je viens de reproduire, si on la rapproche des œuvres liturgiques du premier chef suprême de la secte, même en ne parlant que des œuvres liturgiques avouées !

L’évêque catholique américain, qui s’est fait interviewer à Liverpool, s’associe-t-il, par exemple, aux éloges qu’ont décernés les ministres protestants au livre Dogme et Morale, monument d’anticatholique impiété ?… Quand on entreprend de se mettre en travers de la guerre défensive qui s’organise contre l’Église de Satan, il faut aller jusqu’au bout. Il ne suffit pas de déclarer qu’on a été reçu au Masonic-Hall de Charleston et qu’on n’y a rien vu d’attestant un culte rendu à Lucifer. Oh ! Monseigneur !… Vous avez vos entrées là ?… Je ne l’ignorais point ; mais jamais je ne me serais attendue à ce que vous vinssiez de vous-même le dire.

Dites tout. Votre vicaire-général, monsignor Q…, lui aussi, est reçu au Temple Maçonnique, construit sous le pontificat d’Albert Pike ; lui