Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/16

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femmes, ô Messie rédempteur du monde, obtenez-moi la foi qui me manque encore.

« Et vous, sainte Marie, reine des cieux, refuge des pécheurs, consolatrice des affligés, Notre-Dame des Victoires, Notre-Dame du Sacré-Cœur, vous qui écrasez la tête du serpent maudit, priez pour moi, protégez-moi, sauvez-moi !

« Mon Dieu, il y a deux mois, l’avant-veille de Pâques, les palladistes du monde entier, maçons ou non-maçons, outrageaient votre Christ en foulant aux pieds la croix ; aujourd’hui, en ce moment, ils s’imaginent le meurtrir, l’immoler en exerçant leurs sauvages fureurs contre le Sacrement eucharistique. Vous le savez, Seigneur, je n’ai jamais participé à ce dernier déchaînement de la palladique haine ; mais je n’en ai aucun mérite, puisque je ne croyais pas à la présence réelle. Eux, les autres, ils disent : « Le Christ est là ! » et, la main armée du poignard, ils se ruent, pleins de rage, sur la blanche hostie ; les misérables ! Pardonnez-leur, mon Dieu, car ils ne savent ce qu’ils font. Moi, j’ai besoin de croire, et c’est pour adorer votre Christ sous les mystiques espèces. La foi ! la foi tout entière, oh ! donnez-la, divin Créateur, à l’indigne créature, qui vous implore ! Que je goûte la parfaite allégresse de ces saintes femmes qui prient ici avec moi ! Je vous adore, ô Dieu de bonté, dans votre clémence et dans votre justice ; je veux vous adorer encore dans vos divins mystères. Ne repoussez pas ma prière, Seigneur ; éclairez-moi !

« Vous, Jeanne, vaillante et pure martyre, soyez mon interprète céleste et défendez ma cause devant le trône de Dieu. Portez mon amende honorable à Jésus, dont vous inscriviez le nom triomphant à côté de celui de sa très sainte Mère, sur votre étendard, et dites au Tout-Puissant, au seul Tout-Puissant qui vous a admis dans sa gloire, que je lui offre ma vie pour la conversion de quiconque me hait.

« Oui, oui, Seigneur, après m’avoir éclairée, prenez-moi. Qu’à mon tour je sois victime ; que mon sacrifice détourne votre juste colère ; que des larmes de douleur, versées par mes yeux, effacent les offenses de mes ex-Frères et de mes ex-Sœurs. Pitié pour eux tous, ô mon Dieu ! lumière à tous et pardon même aux plus coupables ! Ma santé, ma vie, mon sang, prenez tout, et qu’Adriano Lemmi devienne honnête, se convertisse à vous et vous bénisse à jamais ! »


16 juin. — Je demeurai deux jours de plus en ce couvent. La supérieure est une femme d’une intelligence très haute, d’un esprit des mieux cultivés, et encore de la plus grande sagesse : elle avait compris, dès mes premières explications, pourquoi il était nécessaire que le