nous unirons nos prières aux vôtres. » J’avais pris le livre, il ne me servit guère car je m’agenouillai dès le début, je ne me préoccupai point des changements d’attitude des fidèles, je ne vis que l’autel et son Christ aux bras tout ouverts pour attirer les coupables dans le repentir et la miséricorde, et la messe avait pris fin dès longtemps, tandis que j’étais encore à genoux, priant Dieu sans lire dans le livre, mais du plus profond de mon cœur.
Voici quelle fut ma prière :
« Ô Dieu d’infinie bonté, je crois en vous ; je vous remercie d’avoir permis que je ne sois plus au pouvoir des démons. Voici bientôt six ans que vos pires ennemis avaient fait de moi une grande-prêtresse du diable, et depuis mon enfance j’avais eu dans l’esprit que Lucifer était principe divin de tout bien, et que vous étiez dieu du mal. Pardon, mon Dieu, pardon !… Pardonnez à ceux qui ont trompé mon père car, vous le savez, mon bien-aimé père fut de bonne foi dans son erreur… Sans être plongée dans une erreur aussi profonde, ma chère mère vous méconnut aussi ; pardonnez-lui, bon Seigneur, par les mérites de Jésus-Christ ; pardonnez-lui en récompense de sa douce charité ; que ses œuvres de bien sur cette terre soient son rachat et celui de mon père, dans l’autre monde, et accordez-moi, au jour que votre providence a fixé pour le terme de mon existence humaine, la grâce de les retrouver tous deux au séjour du bonheur éternel, qui est votre paradis, ô mon Dieu !…
« Donnez la lumière de votre vérité sainte à tous ceux qui sont aveugles, comme si longtemps je l’ai été. Je vois maintenant les profondeurs de l’abîme où Satan me tenait ; vous m’en avez arrachée : mais, ô mon Dieu, puisque à présent je vous aime, puisque vous m’avez préservée alors même que j’étais en puissance des démons, puisque vous me voulez à vous ; donnez-moi encore, encore, je vous en supplie, donnez-moi plus de lumière, ne me laissez dans aucun doute sur les dogmes de votre religion, sur les enseignements de l’Église de Jésus-Christ.
« Ô bon Jésus, agneau sans tache, vous qui vous êtes offert à Dieu en victime expiatoire pour racheter les péchés du genre humain, oh ! je vous aime aussi de toutes les forces de mon âme. Obtenez-moi la grâce de croire à votre présence dans la blanche hostie que le prêtre du Saint des Saints élève vers cette croix où je vous vois attaché, et qui me rappelle qu’à votre dernier soupir vous pardonniez à vos bourreaux. Tant que je n’aurai pas la foi au mystère de la divine Eucharistie, je ne serai pas tout-à-fait heureuse. Ô Christ aimant et aimable, ô fils de la plus sainte des