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d’Apprenti fut composé en février, avec ces épreuves, qui ont été conservées jusqu’à nos jours, ces voyages, ce baptême par le feu, etc.

En cette même année, mourait en Pologne un rose-croix fameux, Svendivogius, anabaptiste que le grand-maître Valentin Andreæ avait gagné au gnosticisme socinien, et qui devint expert alchimiste et zélé propagateur de l’occultisme.

Sur ces entrefaites, Thomas Vaughan, après avoir laissé à Ashmole un aperçu du symbolisme à introduire dans le grade de Compagnon, partit pour l’Amérique, où il avait hâte de voir se réaliser en sa faveur la prédiction de Lucifer. Il débarqua à Boston.

Sa liaison avec l’apothicaire Starkey est bien connue. George Starkey, l’inventeur du savon à la térébenthine, encore en usage aujourd’hui, a certifié plus d’une fois, quand il retourna en Angleterre, qu’il avait connu « le Philalèthe » en Amérique ; que « ce philosophe venait très familièrement dans son laboratoire, où il faisait quelquefois la transmutation des métaux imparfaits en or ». Lenglet-Dufresnoy, prélat français, auteur estimé d’une vie de Jeanne d’Arc, rappelle, dans son Histoire de la Philosophie hermétique (1742) que Starkey reçut plusieurs fois de Thomas Vaughan des lingots de ce même or qu’il avait obtenu par ses secrètes opérations d’alchimie. Cet auteur ajoute : « Mais Philalèthe, qui était un homme rangé et de bonnes mœurs, s’apercevant que l’apothicaire consommait en débauches ce qu’il lui donnait, s’éloigna de lui et ne le vit plus. » C’est à Starkey que quelques auteurs ont attribué, bien à tort, le pseudonyme Eirœneus Philaléthès.

Philalèthe ne se borna pas à visiter ses compatriotes colonisateurs. Il pénétra fort avant dans les terres de la côte orientale ; une vision lui avait appris que Vénus-Astarté s’unirait à lui, au sein d’une de ces tribus indigènes que les conquérants de la Nouvelle-Angleterre refoulaient toujours de plus en plus à l’intérieur.

Un mois tout entier, il demeura parmi les Lenni-Lennaps, qui le respectèrent ; non seulement ils n’attentèrent pas à sa vie, mais encore ils eurent pour lui les plus grands égards.

Ce fut en plein pays sauvage qu’il épousa le démon, ayant pris une forme humaine et se donnant à lui sous le nom de Vénus-Astarté, reine des cieux supérieurs, première princesse du royaume de Lucifer.

Une nuit d’été, selon le récit de Philalèthe, par un beau clair de lune, et tandis qu’il se promenait, l’astre, aperçu à travers les branches des arbres de la forêt, sembla tout-à-coup se rapprocher et se glisser comme une lueur éblouissante et pénétrante. Peu à peu, le croissant