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Bienheureuse Diana d’Andalo, par le Bienheureux Réginald, par la Vénérable Jeanne d’Arc ! Oui, nous te vaincrons[1]

  1. Voici en quels termes est racontée la conversion de Diana d’Andalo :
    « Elle naquit dans un milieu à la fois noble et religieux, mais passionné et militant (la charge de son père n’était pas une simple magistrature civile ; elle lui imposait le commandement des troupes en cas de guerre, chose fréquente en ces temps de factions et de discordes sans cesse renaissantes). Le caractère de Diane dut s’en ressentir.
    « Il y avait en elle quelque chose de l’intelligence, de la grandeur d’âme et de la vaillance de son père et de ses frères, tempéré toutefois par les qualités naturelles à son sexe ou dont la Providence l’avait personnellement enrichie en prévision de son avenir : esprit vif et sincère, âme sensible, cœur expansif et miséricordieux, élocution séduisante, volonté ferme dans la poursuite du bien. À ces dispositions morales, s’ajoutait une rare beauté de corps, qui inspirait pour elle une sympathie mêlée de respect et servait comme de miroir aux dons de son âme pour les faire mieux resplendir. S’il est vrai, comme certains auteurs le racontent, qu’au baptême on choisit pour elle le nom de Diana par allusion à l’étoile du matin, il est certain qu’elle justifia l’augure et fut un astre pur, doux et joyeux, pour la consolation de sa famille d’abord, pour la gloire de l’Ordre de Saint Dominique ensuite.
    « Sa piété cependant n’offrait rien, durant son enfance, de ces aspirations précoces qui ravissent, dans l’histoire de plusieurs Saintes ; Diane montrait, au contraire, semble-t-il, un penchant à la mondanité, particulièrement au luxe dans les parures, que les richesses de sa famille lui rendaient si faciles, et les grâces de sa personne si avantageuses. Il fallut une circonstance inattendue pour opérer en elle un total changement. »
    L’auteur raconte la mission du Bienheureux Réginald à Bologne.
    « Le peuple de Bologne accourut aux sermons de Réginald, attiré d’abord par le nouveau vêtement, quoiqu’il en ignorât l’origine, mais bientôt, transporté par sa parole évangélique, austère, entraînante, enflammée. Toute la cité était en effervescence ; on croyait entendre un autre Élie au zèle dévorant, un autre Paul aux accents populaires et dominateurs. Qu’il prêchât à la Mascarelia, ou à la Cathédrale, ou sur la place publique, c’était même saisissement dans l’auditoire, qui comptait nombre d’étudiants et de docteurs de l’Université. Ce fut au point que certains Maitres des plus illustres, non contents de goûter les flots de vie qui sortaient de ses lèvres, voulurent en partager la source en se donnant à lui comme religieux (B. Clair de Bologne, B. Moneta de Crémone, F. Roland, célèbre maitre en philosophie, etc.). Leur entrée en religion fit dans les écoles une impression si profonde, que des étudiants, amis de leurs plaisirs, se défendaient de venir au sermon, par crainte d’être subjugués à leur tour.
    « Mais ces docteurs ne furent pas la seule conquête de Réginald. Diane ne tarda pas à devenir un de ses plus fervents disciples. Entre les dons naturels qu’elle avait reçus, était celui de la parole ; et ses contemporains n’ont pas craint de lui donner un qualificatif insolite pour une femme, en l’appelant « très éloquente, très diserte, eloquentissima, disertissima. » Ce qu’elle possédait, elle l’appréciait chez les autres, et parmi les dames de la cité, elle se montrait l’une des plus assidues aux pieds de la chaire. Or, un jour qu’elle venait à l’Église, parée selon sa coutume de trop somptueux vêtements, elle entendit le Bienheureux prendre précisément pour thème l’abus du luxe et de la vanité chez les femmes du monde ; et à l’appui de son sujet il commenta les paroles de Saint-Paul à Timothée : « Que les femmes, dans l’ornement des habits, veillent à la sobriété et à la retenue » ;