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contredisent pas ; et toutes aboutissent au bouleversement de la croyance en la vérité divine et à la haine de l’Église de Jésus-Christ. Ce n’est donc pas Dieu, mais Satan, qui a inspiré l’auteur du Targum d’où a été extraite cette protéique légende. En ceci, les rabbins talmudistes ont coopéré à la fécondation de l’œuf malsain et maudit d’où la Franc-Maçonnerie est sortie.

Parmi ces interprétations, il en est une, officielle depuis qu’Albert Pike l’a imprimée, contre laquelle mon cœur se soulevait de dégoût. À mes yeux, elle ternissait fort la gloire de mon ancêtre. J’eus encore, à son sujet, des discussions avec mon père et mon oncle ; voyant qu’ils ne pouvaient me convaincre, ils atténuaient, m’ouvraient l’Histoire métaphysique, physique et technique de l’un et l’autre monde, de Robert Fludd, et finalement c’était celui-ci, au lieu de son disciple Philalèthe, qui recueillait mes nausées.

Cette interprétation ésotérique est celle connue en arrière-loges sous le nom de « théorie de la génération et de la putréfaction ».

Lecteur, imite-moi : surmonte ton dégoût ; il faut que je dise et que tu lises ces malsaines rêveries d’un cerveau endiablé.

Hiram, enterré au Liban, a pourri dans l’humus du tertre où était plantée la branche d’acacia ; son cadavre s’est décomposé. « Mac-Benac ! » s’est écrié le Très Respectable ; mots que l’on traduit par : « la chair quitte les os. » Ce phénomène de la décomposition ravit d’aise la Franc-Maçonnerie ; les enfants de la Veuve se plongent avec délices dans l’examen de cette pourriture de cadavre.

Et les extraordinaires raisonnements auxquels ils se livrent à ce sujet !…

Il faut de la putréfaction pour la génération, disent-ils. Voyez le grain de blé : on le met en terre, il pourrit, et de sa pourriture naît l’épi, multipliant les grains de blé. — De toute évidence, c’est ainsi que cela se produit pour le grain de blé ; mais quel rapport cela a-t-il avec le cadavre humain ? quel est l’enfant qui, depuis que le monde est monde, naquit du corps paternel putréfié ? quel sépulcre a produit un berceau ? — Pouah !

Voilà, pourtant, l’absurde comparaison que les Orateurs de Loges posent dans leur discours au récipiendaire ahuri. C’est officiel, c’est rituel. Voir diverses harangues qui ont été imprimées ; voir les Legenda Magistralia, de Pike.

Au fond, cette comparaison aussi absurde que répugnante est destinée à frapper l’esprit de l’initié, dans un but essentiellement luciférien, afin d’ouvrir à sa pensée un horizon où il pourra découvrir le satanique