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Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/312

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en réalité, le F ▽ Georges Mackey ne compte pas. Je me plais à reconnaître en vous le vrai souverain pontife de notre sainte Maçonnerie. Je travaille partout à votre prochaine élévation officielle ; je suis certain que mes efforts seront couronnés de succès, puisque Notre Seigneur Dieu Satan est avec vous, vous protège et vous guide. »

Le rapport de Philéas Walder à Lemmi ne se termine pas là ; mais il me semble nécessaire de l’interrompre encore pour quelques réflexions. Et je les adresse à l’infortunée Sophia.

Ce secret, mademoiselle, je l’ai ignoré jusqu’en ces derniers temps. Vous comprendrez que je me taise sur le nom de la personne de qui je tiens ce rapport du 18 octobre 1892. Lemmi se considère comme si sûr de vous, qu’il n’a vu aucun inconvénient à le montrer et même à en laisser circuler une copie entre Mages Élus et Maîtresses Templières Souveraines.

Je vous assure que, dans les premiers jours qui ont suivi ma conversion, la pensée de vos profanations de la divine Eucharistie m’a été bien cruelle ; pour assurer le repos à mon âme, il m’a fallu apprendre et comprendre que la rage sacrilège est vaine, impuissante, que l’intention déicide fait seule votre crime, et que le bien-aimé Jésus n’est pas atteint par vos fureurs.

Eh bien, mademoiselle, lorsque j’ai connu votre secret, lorsque j’ai su vos larmes d’autrefois, il m’a semblé que votre conversion est à espérer, et, plus que jamais, je vous ai aimée.

Sophia, j’ai dit que je vous rendrai pleine justice ; vous voyez que je tiens parole. Peu importe que vous déchiriez ces pages, après les avoir lues ; leur lecture ne s’effacera pas de votre souvenir ; et, à l’heure de Dieu, vous pleurerez vos erreurs, vos égarements, et vous ferez amende honorable.

Ah ! vous avez aimé Jésus ! ceci vous sauvera, mademoiselle. Les conversions entraînent les conversions. Je ne m’étonne que d’une chose : c’est que la mienne précède la vôtre. Si Dieu n’était la sagesse même, je dirais que vous méritiez plus prompte grâce que moi.

Hélas ! moi, je refusais d’admettre la présence réelle… Croyante de l’infernal Apadno, je ne fus passionnée que pour haïr Adonaï et son Christ ; et, si je ne profanai jamais les Saintes Espèces, je n’en fus pas moins coupable, puisque mon âme exécrait, avec une effroyable intensité, peut-être plus développée encore que la vôtre, le vrai Dieu qui a donné son Fils pour notre salut.

Vous, au contraire, vous avez envié le bonheur des petites communiantes ; vous aimiez Jésus !… On a étouffé cet amour ?… Sophia, ma sœur, il peut revivre !…