Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/313

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Écoutez bien ceci encore : notre éducation, à toutes deux, a fait notre erreur ; on nous a élevées, vous et moi, dans la serre chaude de Satan ; mais c’est l’orgueil qui nous a perdues, l’orgueil, le premier des péchés capitaux.

J’étais fière de descendre de Philalèthe et d’Astarté ; vous voyez en vous la fille de Lucifer et la bisaïeule de l’Anti-Christ.

Sophia, dégagez-vous de cet orgueil qui vous aveugle. Vous êtes trompée, comme je l’ai été.

Quand Satan, — en causant avec vous, on peut lui donner ce nom, n’est-ce pas ? — quand Satan, donc, inspira les rituels du Palladium, il avait crû très habile de remanier l’Évangile, de grouper avant le Thabor tous les faits de l’existence de Jésus qu’il travestit en actes vertueux d’un croyant luciférien, et après les faits qu’il travestit autrement en actes de trahison contre le prétendu Dieu-Bon. Mais il imagina ce remaniement et ce classement pour frapper les esprits de personnes connaissant déjà l’Évangile, en leur présentant une nouvelle interprétation : ceux et celles qui raisonnent contre le magistère de l’Église tombent dans le piège.

Or, Satan n’avait pas prévu votre cas. Le Jésus aimable que vos éducateurs vous ont d’abord fait connaître, vous l’avez aimé. Sophia, cessez de croire que Jésus descend de Baal-Zéboub, père d’Isaac ; cessez de croire que le Messie fut, jusqu’au Thabor, un parfait luciférien : ne voyez que le bon et aimable Jésus, et aimez-le encore.

Comprenez que l’Apadno n’est qu’un échafaudage de mensonges. Ma sœur en Jésus-Christ, votre bouche d’enfant a dit : « Hélas ! je sens bien que je serai toujours malheureuse. » Hélas ! oui, vous l’avez été, malheureuse. Sophia, je vous le jure, il ne tient qu’à vous de ne plus l’être.

Vous soutenez, dans les Triangles, que les catholiques ont la foi aveugle et ne raisonnent point. Eh bien, raisonnez un peu, non pas à rebours, comme jusqu’à présent : raisonnez, en suivant les lois de la vraie logique ; raisonnez, en passant au crible toutes les impostures de l’Infâme qui a desséché votre cœur, qui ne vous a inspiré aucune affection en échange de l’amour qu’il a étouffé en vous.

Le monstre ! comme je le hais, de vous retenir en ses chaînes !… Sophia, jugez l’arbre par ses fruits. Vos éducateurs ont planté en votre âme un arbre aux fruits empoisonnés. Voici les coupables : vos éducateurs. Vous, vous êtes une victime, et je vous aime. Je vous aime dans les larmes de votre premier sacrilège, larmes qui, si vous en ravivez la source, laveront tous vos péchés devant le trône de Dieu, larmes qui ne seront point amères, larmes de paix, de salut et d’amour.

(La suite au prochain numéro).