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les faits ; nul esprit du ciel inférieur, pas même Adonaï, n’a le pouvoir d’emprunter les apparences de Lucifer Dieu-Bon et de se faire passer pour lui, et, en effet, il en est ainsi ; Adonaï ne se manifeste plus aux humains comme autrefois, cela parce qu’il a perdu cette partie de sa puissance ; les apparitions du Christ et des saints et saintes du catholicisme sont tolérées par Lucifer ; nul n’a plus vu, nul ne voit, nul ne verra jamais Adonaï, car le Dieu-Bon s’y oppose pour l’humilier. Adonaï en est donc réduit à se dédoubler en Paraclet et à se montrer, encore très rarement, en colombe céleste ; c’est tout ce que Lucifer lui permet.

Voilà la croyance des Parfaits Triangles ; voilà le mensonge du suprême imposteur, dans toute son audace de blasphémateur des vérités divines. Mais c’est là la doctrine luciférienne orthodoxe. Or, lorsque j’avais la foi en ces folies, je qualifiais d’hérésies les interprétations de Mlle  Walder en dehors de ce domaine, pour moi sacré. J’écrivis une lettre de protestation contre sa manière d’expliquer la légende d’Hiram ; Jubelas, Jubelos et Jubelum ne pouvaient être, à mon sens, le Père, le Fils et le Saint-Esprit des catholiques, ou alors il fallait dire que l’Apadno, écrit par Lucifer lui-même, contenait des erreurs, et que Béhémoth avait cyniquement menti à Albert Pike.

En ce qui concerne Mlle  Walder, il me reste à la montrer à l’œuvre, instrument inconscient du Maudit, et à dire comment Pike expliquait qu’elle est bien la Bisaïeule de l’Anti-Christ, en vertu des versets 53 du fameux chapitre de l’Apadno. Le lecteur est fixé maintenant sur le caractère essentiellement satanique de son éducation. Toutefois, si j’ai fait connaître les principales théories de Philéas Walder en matière d’occultisme, il est nécessaire, pour éclairer d’une pleine lumière le rôle de Sophia dans la Haute-Maçonnerie, de ne pas passer sous silence certaines idées dont l’infortunée a été imbue, relativement à ce que j’appellerais « la politique des Triangles ».

On nous a souvent citées, toutes deux, comme étant les deux extrêmes ; ce qui m’a valu, de la part d’écrivains catholiques, des éloges dont je suis bien confuse, les méritant si peu, certaine aujourd’hui de mon indignité. Mlle  Walder aurait été moins accablée, par contre, si l’on avait bien recherché les origines de sa conduite, si blâmable qu’elle soit.

Ainsi dans l’apostolat luciférien, est considéré comme recrutement de premier ordre l’acquisition d’un prêtre adonaïte. Je m’occupai peu de ce prosélytisme, et quand, par exception, il m’arriva de désirer une conversion de ce genre, je priai pour l’obtenir, ce fut ma seule arme ; car je ne compte pas quelques raisonnements dans le sens dogmatique, pour démonter ce que je croyais être la vérité. Mlle  Walder usa, au contraire, d’autres armes, et certes je les désapprouvai toujours ; je jugerai qu’en sa manière d’opérer il y avait piège, c’est-à-dire déloyauté. Je cherchais à convaincre ; elle voulait et pro-